Avec la maison Piasa, l’art contemporain africain fait enfin (un peu) recette

Prenant le contrepied d’un contexte qui privilégie l’art « tribal », la maison Piasa lance African Stories, une vente de 111 lots d’œuvres africaines contemporaines.

Aminata. © Omar Victor Diop/Piasa

Aminata. © Omar Victor Diop/Piasa

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Publié le 8 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Le pari était risqué : jusqu’à présent, les ventes aux enchères d’art africain contemporain n’ont jamais donné de résultats probants en Europe, contrairement à celle d’art dit "tribal" qui atteignent la plupart du temps des records faramineux.

Courageusement, la maison Piasa s’est lancée en proposant African Stories, une vente préparée par le vieux routier des arts africains André Magnin (galeriste, ancien directeur de la collection Jean Pigozzi) en collaboration avec Philippe Boutté.

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Ce sont donc 111 lots qui étaient proposés aux éventuels acheteurs, dans un fourchette de prix estimés oscillant entre 800 et 120 000 euros. Des sommes modestes au regard des chiffres fous atteints, parfois, par l’art contemporain occidental ou chinois.

La sélection, très classique, se voulait rassurante, mêlant les noms d’artistes établis comme l’Ivoirien Frédéric Bruly Bouabré, le Congolais Chéri Samba, le Béninois Romuald Hazoumé, et des noms en pleine ascendance comme le Sénégalais Omar Victor Diop, le congolais Pathy Tshindele ou encore le Sierra Léonais John Goba.

"Un vrai besoin" et des résultats encourageants

Le mardi 7 octobre au soir, la salle de vente était comble. "C’était une vente attendue par les gens qui la font bien sûr, mais aussi par les collectionneurs, les artistes, tous ceux qui s’intéressent à l’art contemporain africain, affirme Cécile Demtchenko, responsable de la communication chez Piasa. Cela démontre qu’il y a un vrai besoin et un vrai engouement."

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Les résultats, eux, demeurent moyens, mais plutôt encourageants. Sur les 111 lots présentés, 57 ont été vendus. Vingt-cinq dépassant leur estimation haute, 8 restant inférieurs à leur estimation basse.

Pas de surprise avec J’aime la couleur (2004), de Chéri Samba, qui établit le record de la vente à 77 420 euros, tandis que la série Les liens sacrés du mariage de Frédéric Bruly Bouabré estimée entre 100 000 et 120 000 euros ne trouve pas preneur.

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Surprises

Les vrais surprises sont en réalité venues du Congolais Monsengo Shula qui vend En route vers le futur pour 14 000 euros (estimation haute : 6 000 euros), du Sierra Léonais John Goba qui vend Chief Lady pour 14 000 euros aussi (estimation haute : 6 000 euros) et enfin du photographe Omar Victor Diop qui vend Aminata pour près de 8 000 euros (estimation haute 4 000 euros).

Quelques jours avant l’ouverture de la foire 1:54 consacrée à l’art contemporain africain à Londres (Royaume Uni), du 15 au 19 octobre, ce marché qui demeure malheureusement marginal semble donc frémir, en attendant que les fortunes africaines, grandes et petites, se mobilisent en faveur des plasticiens de leurs pays. De ce côté-là, le Bénin semble savoir y faire – sans doute un peu trop bien.

Le prix Orisha, accueillie par la maison Piasa et créé par le Français Timothée Chaillou et la Béninoise Nathalie Miltat, a couronné la semaine dernière le sculpteur béninois Kifouli Dossou. Le fait que cet artiste était présenté par Marie-Cécile Zinsou, dont la Fondation accueillera l’exposition africaine consacrée au lauréat, ajouté au fait que Lionel Zinsou est un actionnaire actif et important de Piasa a pu faire sourciller ici et là. Avec son enthousiasme habituel, Marie-Cécile Zinsou, tout en regrettant une certaine maladresse, se dit la première surprise : "En présentant Kifouli, j’étais persuadée qu’il n’aurait pas le prix, tout simplement à cause de ma propre implication. Le jury a décidé en toute indépendance et j’en suis ravie."

>> Lire aussi : Collectionneurs – Bénin : Lionel Zinsou, jamais sans mes filles

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De fait, la famille Zinsou est plutôt habituée à en acheter – notamment pour les exposer dans son nouveau musée de Ouidah. Dernières acquisitions lors de la vente Piasa : les photos d’Omar Victor Diop.

 

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