L’argent des Africains : Pierre André, 43 ans, informaticien archiviste en RDC – 793 euros par mois

Cette semaine, la série l’Argent des Africains s’envole pour Matadi, à la rencontre de Pierre André. Originaire de Kinshasa, cet informaticien archiviste de 43 ans nous a ouvert les portes de son quotidien et expliqué comment il répartissait ses dépenses.

Pierre André au bureau de l’OEBK, à Kinshasa. © DR

Pierre André au bureau de l’OEBK, à Kinshasa. © DR

Publié le 12 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

Debout dès 3 heures du matin – quatre heures, certains jours… -, Pierre André s’adonne à son péché mignon : l’information. Il peut passer des heures à naviguer sur internet et regarder les infos avant de se rendre à son bureau à 7 heures pile. « Cette habitude me vient de mon oncle paternel pour qui s’informer, s’interroger était très important. C’est d’ailleurs grâce à lui que je lis Jeune Afrique depuis mes 14 ans ! », nous confie-t-il.

Depuis maintenant 11 ans, il est employé par l’Organisation pour l’Équipement de Banana-Kinshasa (OEBK). « L’OEBK est un service public créé dans la foulée de la construction du Pont Maréchal de Matadi ; il devait superviser des projets tels que le port en eaux profondes de Banana, les chemins de fer Kimbanseke-Kisenso et Banana-Matadi ainsi que les études dans les corridors jouxtant la RD Congo ».

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Salaire : 820 565 francs congolais, soit 793 euros par mois

Salarié de l’OEBK depuis mars 2006, Pierre André y a occupé différents postes. Après une formation en archivage numérique, il débute en tant que chargé des sections archives et informatique, dont la mission consiste à numériser les études liées aux projets du service.

En 2008 il est muté au péage sur le Pont Maréchal comme inspecteur du trafic, et après un bref passage à la perception des fonds puis au service des statistiques, il revient finalement en 2012 aux archives, qu’il décrit comme une activité « passionnante ».

« Aux archives, je suis un peu plus libre, j’ai le loisir de me déplacer de temps en temps et de voir les réalités des travailleurs ». Des réalités qui l’intéressent d’autant plus qu’il fait partie de la délégation syndicale du service. Un rôle de « courroie de transmission » entre les travailleurs et la direction qui lui plaît beaucoup.

De même que ses missions, son salaire a (beaucoup) évolué au cours des années. De fait, au fil des  mutations, il est passé de 260 053 francs congolais (180 euros) à 820 565 (793 euros). Bien que très correct au regard de la moyenne congolaise, ce salaire ne convient pas tout à fait à l’informaticien, qui l’estime « insuffisant ».

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En cause, l’hyperinflation : « Nous n’utilisons que le dollar alors que nous sommes payés en francs congolais. Il y a quelques mois, un dollar coûtait 910 CDF, aujourd’hui il équivaut à 1 370-1400 CDF. Le calcul est devenu désastreux ».

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Études : 37 euros par mois

Si ce fonctionnaire quitte son bureau à 16h, sa journée n’est pas terminée pour autant. Détenteur d’un diplôme de premier cycle en mathématiques appliquées à l’informatique de l’Université Pédagogique Nationale (UPN), il poursuit le second cycle de ses études au centre de promotion du management pour le développement (CEPROMAD) à Matadi. Cette formation lui revient à 420 euros par an, soit 35 euros par mois.

C’est ainsi que du lundi au samedi, il suit des cours de 18h à 21h, « et quand les profs n’arrivent pas à terminer l’intégralité du cours, ils nous conseillent de faire des recherches chez nous ». Heureusement, son épouse, qui est médecin dans un hôpital privé travaille, à temps partiel. « Elle a donc le temps de s’occuper de nos deux filles de 2 et 5 ans » et peut, elle aussi, participer aux dépenses du foyer. D’ailleurs, les frais de scolarité de son aînée ont presque doublé cette année ; ils s’élèvent désormais à 43 euros par mois.

Loyer : 80 euros

Parmi les autres dépenses de la famille, hormis le loyer de 80 euros, le budget de l’alimentation varie entre 80 et 100 euros par mois. Mais la famille sait aussi se faire plaisir, Pierre André estime dépenser en moyenne 30 euros par mois dans les loisirs. « On aime faire des sorties en famille, se balader dans les lieux touristiques »… Passionné de lecture, de futurologie et de bande dessinée, il tient chaque mois à « garder un petit rien pour s’approvisionner en livres ».

Obole : 87 euros par mois

Membre du comité paroissial de l’église Chapelle des Vainqueurs, qui fait partie de la branche locale de la Winners’ Chapel du Bishop nigérian David Oyedepo, Pierre André fait un don mensuel de 87 euros à l’église : « Il faut donner 10% au temple selon le dernier livre de l’ancien Testament », rappelle-t-il.

Chaque mois, quelles que soient les dépenses, il épargne autant qu’il peut. « C’est une discipline stricte, je tiens ça de ma maman ». Son but ? Faire construire sa propre maison. Il aimerait également continuer ses études jusqu’à l’obtention d’un PHD en management du développement. Son autre souhait serait de « travailler sur des projets en lien avec le relèvement du niveau éducatif de la RDC en promouvant les Nouvelles Techniques d’Information et de Communication (NTIC) ».

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