France : Aïssata Seck, une élue sur le front pour les anciens tirailleurs

Plusieurs anciens tirailleurs sénégalais doivent obtenir la nationalité française ce samedi, conformément à une promesse faite par François Hollande. Une annonce, qui concrétise le combat d’une jeune militante socialiste de banlieue parisienne, Aïssata Seck.

Le 43e bataillon de tirailleurs sénégalais avec un fanion portant l’inscription « Douaumont 1916 ». © CC/Wikimedia commons

Le 43e bataillon de tirailleurs sénégalais avec un fanion portant l’inscription « Douaumont 1916 ». © CC/Wikimedia commons

CRETOIS Jules

Publié le 13 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

27 anciens tirailleurs sénégalais âgés de 79 à 91 ans vont obtenir la nationalité française samedi 15 avril. Dans ce cadre, certains d’entre eux seront même reçus à l’Elysée, à Paris.

À l’occasion de la visite du président sénégalais Macky Sall en France, en décembre 2016, le président français François Hollande, s’était en effet engagé à faciliter l’octroi de la nationalité française aux tirailleurs sénégalais.

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Petite-fille de tirailleur

A l’époque, une femme avait été saluée par Macky Sall : Aïssata Seck. Cette Française d’origine sénégalaise, petite-fille de tirailleur ayant combattu sous le drapeau français en Indochine, est à 36 ans, la cheville ouvrière de la cause des anciens tirailleurs. Elle est aussi militante du Parti socialiste (PS) et adjointe à la mairie de Bondy ville de banlieue parisienne où résident une vingtaine de tirailleurs − en charge des anciens combattants depuis 2016.

Fin 2016, elle avait lancé une pétition en faveur de la naturalisation des anciens tirailleurs et avait vite recueilli plus de 60 000 signatures, parmi lesquelles celles de stars tel le comédien franco-marocain Jamel Debbouze. L’élue socialiste est aujourd’hui une des porte-paroles de Benoît Hamon, candidat à l’élection présidentielle pour le PS.

Je rencontrais souvent, sur les marchés, des anciens tirailleurs, se baladant avec leurs médailles.

Avant de devenir élue socialiste, Seck était déjà militante associative, avec l’Association des Amis de l’Afrique. « Je rencontrais souvent, sur les marchés, des anciens tirailleurs, se baladant avec leurs médailles. J’en aidais certains dans leurs démarches administratives » raconte-t-elle. Les anciens tirailleurs − l’expression « sénégalais » étant trompeuse, car on trouve parmi eux de nombreux soldats issus de Côte d’Ivoire, du Mali et d’autres pays des anciennes colonies − étaient confrontés à de nombreuses tracasseries administratives. Seck, elle, constatait les refus se multiplier et observait les espoirs se briser.

« Jusqu’au jour où j’en ai eu marre du cas par cas ». Sa pétition, à forte valeur symbolique, prend vite. Au point d’être entendue au sommet de l’État français et d’être relayée par de nombreux réseaux en Afrique de l’Ouest. En 2017, les retombées pratiques de son action se font sentir.

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L’ensemble des anciens tirailleurs – environ 500 personnes selon Seck – peuvent maintenant, par déclaration, ou encore si ils ont été blessés de guerre – bénéficier de la naturalisation.

Un travail de mémoire pas terminé

Aïssata Seck n’en a pas fini pour autant. Elle tient à marquer l’essai. À bien y regarder, la promesse de naturalisation est l’une des rares actions symboliques du quinquennat Hollande concernant les questions liées au passé colonial. L’élue socialiste rappelle par ailleurs le chapitre de la déchéance de nationalité, qui l’a ébranlée.

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Son combat pour la naturalisation recèle, à l’en croire, des vertus pédagogiques et politiques. C’est pourquoi elle a organisé une exposition – visible jusqu’au 30 avril à l’hôtel de ville de Bondy – de portraits d’anciens combattants. « Ces personnes peuvent bien sûr faire passer un message, servir de guide, de relais. Ils sont une mémoire vivante de l’histoire de France et de l’histoire de différents pays d’Afrique de l’ouest. »

On prétend s’étonne qu’une partie de la jeunesse ait un rapport conflictuel avec les institutions de ce pays…

Et reconnaître la place de ces hommes dans l’histoire de France, c’est aider, assure la militante, les jeunes français d’origine étrangère à se reconnaître dans leur pays. En plus de l’exposition, Aïssata Seck aimerait voir les plus énergiques des anciens combattants rendre visite aux élèves dans les écoles.

« On prétend s’étonner qu’une partie de la jeunesse ait un rapport conflictuel avec les institutions de ce pays. Mais soyons réalistes : le travail de mémoire n’est pas terminé et tant qu’il ne le sera pas, il pourra difficilement en être autrement. »

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