Michaëlle Jean : « La Centrafrique a besoin de partenaires »
Michaëlle Jean, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), est en Centrafrique pour une visite officielle de trois jours. Jeune Afrique l’a rencontrée.
La secrétaire générale de l’OIF a appelé le 12 avril les bailleurs de fonds à soutenir la République centrafricaine. Arrivée à Bangui la veille pour une visite de trois jours, elle a rencontré le chef de l’État centrafricain, Faustin Archange Touadéra – au pouvoir depuis un an -, les membres du gouvernement ainsi que les députés.
La Centrafrique avait été suspendue de la Francophonie le 7 avril 2013 après le coup d’État qui a conduit la Séléka et Michel Djotodia à la tête du pays. Depuis le rétablissement de l’État de droit et le retour du pays au sein de l’organisation après les élections de février 2016, c’est la première visite de la secrétaire générale.
Jeune Afrique : Quelle conséquences peut avoir une visite officielle de l’OIF pour la Centrafrique ?
Michaelle Jean : Notre présence ici signifie beaucoup de choses. Cela veut dire que nous demeurons aux côtés de la Centrafrique comme nous le faisons depuis 13 ans maintenant avec un accompagnement constant. La Cour constitutionnelle est née ici avec nous. Idem pour l’autorité nationale des élections. Nous avons été là pour porter et renforcer les institutions. Nous sommes heureux d’entendre les Centrafricains dire combien notre présence est importante. Nous venons aussi pour accompagner le plan de redressement et la consolidation économique de la Centrafrique.
Que peut faire concrètement l’OIF pour le redressement de la Centrafrique ? Offrez-vous un appui financier ?
Notre appui à la Centrafrique est constant, notamment sur la question du renforcement des institutions. J’ai moi-même mené un plaidoyer pour sensibiliser tous les États des membres de l’OIF à la situation de ce pays. Nous travaillons avec le gouvernement pour une coopération renforcée avec la Francophonie au plan économique. Nous soutenons l’entreprenariat des jeunes et des femmes, ainsi que la création d’emplois. Nous déployons ici, comme nous le faisons déjà dans 12 pays africains, des incubateurs de très petites et moyennes entreprises dans des filières ciblées. Nous aidons les activités génératrices de revenus et nous associons à ce que le pays veut réaliser. Concrètement, nous étions à la conférence de Bruxelles devant les bailleurs et les investisseurs pour nous assurer d’un appui et du déblocage de fonds dans le cadre du plan de redressement de la RCA.
Pensez-vous que la réconciliation est possible en RCA ?
La lutte contre l’impunité est une juste exigence, la seule à même de satisfaire le droit qu’ont les victimes d’être reconnues, d’obtenir réparation. Mais c’est aussi un moyen pour permettre aux autorités de remplir leur mandat de gardien de l’ordre public, du devoir de mémoire et de justice. C’est pourquoi nous avons participé à la mise en place de la Cour pénale spéciale pour la Centrafrique. Nous avons aidé au recrutement des experts en la matière. Et nous sommes heureux de la mise en œuvre opérationnelle de ce tribunal.
J’ai lancé un appel aux chefs d’État et de gouvernement, réunis en huis clos lors du dernier Sommet d’Antananarivo, pour qu’ils se mobilisent en faveur de cette instance judiciaire, à travers notamment la mise à disposition de magistrats francophones.
Sur tous ces fronts, nous sommes là avec la République centrafricaine. Ce pays a besoin de partenaires, il a besoin d’investissement. Nous faisons en sorte de répondre à ces besoins.
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