Procès des disparus du Novotel d’Abidjan : Brunot Dogbo Blé condamné à 18 ans de prison

Les principaux accusés du rapt et du meurtre de quatre expatriés à Abidjan lors de la crise post-électorale ivoirienne en 2011 ont été condamnés par la Cour d’Assises jeudi soir à des peines de prison ferme. Un pourvoi en cassation a été annoncé par la défense.

L’ancien commandant de l’ex-garde républicaine, Brunot Dogbo Blé, le 21 février 2017 au tribunal de Yopougon. © Jeune Afrique

L’ancien commandant de l’ex-garde républicaine, Brunot Dogbo Blé, le 21 février 2017 au tribunal de Yopougon. © Jeune Afrique

Publié le 14 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

Des verdicts, mais beaucoup de questions restées sans réponse. C’est dans une salle remplie des proches et partisans des dix prévenus de l’affaire dite des « disparus du Novotel » que les condamnations ont été prononcées dans la soirée de jeudi 13 avril au tribunal de Yopougon.

Accusé d’être impliqué dans le rapt et le meurtre de quatre expatriés le 4 avril 2011 au Novotel d’Abidjan, l’ancien général et ex-chef de la garde républicaine Brunot Dogbo Blé a été condamné à 18 ans de prison ferme, de même que deux de ses adjoints, les colonels Jean Aby et Leopold Okou Mody.

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Le commissaire de police Osée Loguey, accusé d’avoir achevé Yves Lambelin, alors directeur du géant ivoirien Sifca et décrit comme un proche de Laurent Gbagbo, a quant à lui été condamné à 20 ans de réclusion. Henri Joël Guéhi Bléka a pour sa part écopé d’une peine de 10 ans de prison.

Retrait de leurs distinctions militaires

Dans son réquisitoire livré mardi, le procureur avait demandé aux jurés de faire preuve de plus de sévérité en requérant à leur encontre la prison à vie. Le jury a en revanche suivi ses préconisations en destituant ces hauts gradés de l’armée ivoirienne de leurs distinctions militaires, mais aussi en acquittant quatre des dix prévenus : Félix Houphouët Koffi, Koffi Zazou, Don Joël et Joseph Séry.

L’ancien milicien Max Landry Yoro Tapéko, seul membre du commando du Novotel présent dans le box des accusés, a quant à lui été condamné à six ans de prison. Lors du procès, l’ancien milicien avait montré des remords et demandé pardon aux familles des victimes, reconnaissant sa participation au rapt du 4 avril 2011.

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Ce jour-là, au plus fort de la crise post-électorale, un commando avait fait irruption au Novotel d’Abidjan, enlevant le Français Stéphane Frantz di Rippel, alors directeur de l’hôtel, son compatriote Yves Lambelin ainsi que les deux collaborateurs de ce dernier : le Béninois Raoul Adeossi et le Malaisien Chelliah Pandian.

Selon l’enquête, les quatre hommes avaient été emmenés au palais présidentiel, alors contrôlé par les troupes loyales à l’ancien président Laurent Gbagbo, où ils avaient été torturés avant d’être tués. Plus de six ans après les faits, seuls les restes de Yves Lambelin, retrouvés dans la lagune Ébrié, ont à ce jour été identifiés.

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Des questions laissées sans réponse

Deux mois d’audiences n’auront donc pas permis de percer les mystères de cette affaire : le mobile du rapt des victimes et de leurs meurtres, mais aussi le sort réservé à leurs corps.

« On ne sait toujours pas qui a tué qui, c’est un véritable échec de la justice », a dénoncé Me Ange Rodrigue Dadjé, conseil de Jean Aby, avant d’annoncer qu’il se pourvoirait en cassation. « On ne saura jamais pourquoi ils ont été tués, torturés, et leurs corps ont été jetés », a également déploré Me Pierre-Olivier Sur, avocat de la famille de Stéphane Frantz di Rippel, estimant que « justice avait été rendue ».

Les avocats des parties civiles avaient dénoncé l’ « omerta » des prévenus, imposé selon eux par leur chef, Brunot Dogbo Blé, déjà condamné en 2016 pour complicité d’assassinat du général Robet Gueï. Des accusations contestées par son avocat, Me Dirabou. « De quel silence parle-t-on? », a feint de s’interroger l’avocat, s’emportant contre une décision de justice « sans rapport avec le droit ».

Après huit semaines d’audience, le procès s’est donc achevé par la colère des avocats de la défense, mais aussi par la frustration des questions sans réponses des familles de ceux que l’on continuera de surnommer « les disparus du Novotel ».

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