Choléra : El Niño à la rescousse des soignants africains ?
Que faire de la récente révélation scientifique sur le lien entre le courant El Niño, d’origine américaine, et la répartition des cas de choléra en Afrique ? Peut-être une meilleure prévention…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 14 avril 2017 Lecture : 2 minutes.
L’Afrique ne semble épargnée par aucune perturbation, pas même par les phénomènes qui semblent géographiquement bien éloignés du continent noir. Si la toxi-infection entérique épidémique contagieuse que l’on nomme choléra n’est guère sectaire et touche aussi bien les populations d’Afghanistan que celles d’Haïti ou du Kenya, elle connaît, en Afrique, un catalyseur bien inattendu, originaire du Pacifique Sud. C’est ce que révèle une étude de l’Académie américaine des sciences publiée ce lundi 10 avril : le courant côtier saisonnier El Niño serait responsable de la répartition des cas de choléra sur le continent africain.
Les auteurs de l’étude se sont appuyés sur plus de 17 000 observations annuelles de flambées de choléra sur l’ensemble du continent africain entre 2000 et 2014. Ils ont fait le lien entre deux principes : primo, la maladie infectieuse bactérienne se contracte souvent en consommant de l’eau contaminée, à cause de réseaux de distribution vulnérables et d’égouts débordés ; secundo, El Niño affecte le climat sur l’ensemble du globe, provoquant des variations des précipitations et donc un rapport à l’eau changeant, de pays à pays.
Lorsque le courant équatorial est actif, une augmentation des précipitations est observée en Afrique de l’Est et cette région du continent recense environ 50 000 cas de choléra en plus. A l’inverse, la diminution des pluies dans les régions plus sèches du nord et du sud de l’Afrique a pour conséquence 30 000 cas de malades en moins, par rapport aux années où El Niño est absent, même si la sécheresse peut aussi conduire à une hydratation avec de l’eau non potable.
Mieux anticiper les cas de choléra grâce à la météo ?
La vraie-fausse bonne nouvelle de cette étude scientifique est donc que le nombre total de cas de choléra ne varie pas selon que les années connaissent de fortes ou de faibles influences d’El Niño ; seule la distribution géographique est bouleversée. La vraie bonne nouvelle est que la prise de conscience du phénomène pourrait aider à une meilleure anticipation de la part des services sanitaires, donc à une réduction du nombre de malades et de décès.
Des spécialistes ayant participé à l’étude indiquent ainsi que le retour du courant côtier chaud peut être prédit de six à douze mois à l’avance. Avec des centres médicaux avertis et donc des soins rapides, le taux de mortalité du choléra pourrait être réduit à quasiment zéro, contre 30% habituellement.
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