Le wahhabisme au Mali, un siècle d’expansion

Pendant des décennies, les réformistes wahhabites maliens ont concurrencé l’islam traditionaliste confrérique et se sont imposés sur la scène religieuse. Avant de s’inviter dans la vie politique nationale, avec succès.

L’imam Mahmoud Dicko au siège du Haut conseil islamique du Mali, à Bamako (Mali) en 2013 © Émilie Régnier pour Jeune Afrique

L’imam Mahmoud Dicko au siège du Haut conseil islamique du Mali, à Bamako (Mali) en 2013 © Émilie Régnier pour Jeune Afrique

CRETOIS Jules

Publié le 18 avril 2017 Lecture : 1 minute.

C’est un fait : depuis le débat sur le Code de la famille, en 2009, les « bras croisés », appellation qui renvoie à la gestuelle durant la prière, se sont petit à petit imposés sur la scène politique malienne. En janvier 2012, Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique au Mali (HCIM), d’obédience wahhabite, doctrine rigoriste de l’islam sunnite adoptée par la dynastie saoudienne, s’avouait même favorable à l’instauration d’une république islamique, si tant est que la démocratie y soit respectée.

Une émergence dans le débat public qui ne doit rien au hasard, dans un pays dont la Constitution de 1992 garantit dans son préambule la laïcité de l’État. Laïcité verrouillée dans l’article 28 de la même loi fondamentale qui spécifie que, à l’instar du multipartisme notamment, elle ne peut faire l’objet de révision.

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Rapport ambivalent à l’État

Pour en arriver là, les wahhabites réformistes ont d’abord dû pénétrer avec patience, pendant des décennies, la vie religieuse malienne, en concurrençant les puissantes et traditionalistes confréries d’obédiences soufies. À cet égard, les aides et les prêts d’organismes islamiques du Golfe persique ont joué un rôle indéniable, toujours plus nombreux à partir des années 1970, pour aider la classe commerçante bamakoise wahhabite à attirer dans les années 1980 une population pauvre.

Aujourd’hui, les wahhabites entretiennent un rapport ambivalent à l’État, aux groupes jihadistes, ainsi qu’aux confréries et aux marabouts, même si − la bataille autour de l’excision le montre bien − « il n’existe pas d’un côté un bloc musulman inaltérable, celui des intégristes wahhabites ou salafistes et de l’autre, un bloc laïque ou musulman modéré (soufi) qui subirait les assauts des premiers », selon les mots de Jean-Loup Amselle, auteur de Islams africains : la préférence soufie, paru aux éditions Le Borde de l’eau en 2017.

Retour sur une épopée politico-religieuse loin d’être close, entre pèlerinages à La Mecque, indépendance, élections et poussée jihadiste.

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