« Le Franc, malgré son nom, est la monnaie des Africains », affirme le ministre français Michel Sapin
Le ministre français de l’Economie Michel Sapin a refusé vendredi d’évoquer le débat sur le Franc CFA en Afrique, se retranchant derrière la souveraineté des Africains sur le sujet lors d’une réunion des ministres des finances de la zone franc à Abidjan.
« Ce n’est pas un sujet que j’aborde car c’est un sujet qui appartient aux Africains. Le Franc malgré son nom est la monnaie de Africains, ce n’est plus la monnaie de la France, il a disparu en Europe. Sur toutes ces questions-là, c’est aux Africains de se prononcer et ce n’est pas à nous de le faire à leur place », a affirmé le ministre le 14 avril.
« Il y a un rôle institutionnel bien connu: nous sommes un élément de garantie de la monnaie mais pour le reste le rôle est avant tout d’écouter, de faciliter et d’appuyer lorsqu’il le faut », a-t-il précisé
« La France est là en amie pour soutenir, aider des pays qui sont puissants, ont beaucoup d’avenir, mais qui doivent faire face à un certain nombre de difficultés », a-t-il ajouté alors que de nombreux pays de la zone CFA ont actuellement des problèmes budgétaires touchés par un ralentissement de l’activité et une baisse de certaines matières premières.
Un lien fort avec l’euro qui divise
Le « CFA », utilisé par 15 pays francophones d’Afrique de l’ouest et du centre (155 millions d’habitants), est lié à l’euro par un système de parité fixe. Pour garantir cette parité, les États africains doivent déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français.
La zone Franc comprend 14 pays d’Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Centrafrique et Tchad). Le quinzième membre est l’archipel des Comores.
Ce lien fort avec l’euro est considéré par beaucoup comme un gage de stabilité. Mais certains économistes, responsables africains et aussi militants accusent le CFA de freiner le développement de l’Afrique et considèrent que ce lien avec l’ancienne puissance coloniale est une perte de souveraineté, les pays étant tributaires de la zone euro.
Paris s’est dit ouvert, à la mi-mars dernier, « à toutes les propositions » que les 15 pays de la zone franc pourraient formuler lors de la réunion d’Abidjan où il sera aussi question des programmes du FMI et l’accès des pays à des emprunts.
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