Législatives en Algérie : la place des femmes au Parlement, toute une bataille…

En 2012, les députées algériennes étaient les championnes du Maghreb en nombre de sièges obtenus au Parlement. Cinq ans plus tard, alors que les élections législatives approchent, leur influence au sein de l’institution est contrecarée par le conservatisme grandissant de la société.

Un homme scrutant une affiche électorale  à Alger le 9 avril 2017. © Anis Belghoul/AP/SIPA

Un homme scrutant une affiche électorale à Alger le 9 avril 2017. © Anis Belghoul/AP/SIPA

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Publié le 20 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

« C’est une insulte pour la femme et la société algérienne ! » Comme toutes les militantes féministes, l’avocate, Nadia Ait Zai, a été scandalisée par l’apparition de femmes sans visage sur plusieurs affiches électorales, leurs traits ayant été grossièrement effacés à l’aide de Photoshop. Ces candidats aux élections législatives ont rapidement été surnommées les « femmes fantômes ». « Elles briguent la députation nom de Dieu, elles vont représenter le peuple. Comment peut-on accorder sa confiance à un visage anonyme ? », tempête-elle.

« Elles n’ont qu’à rester chez elles ! »

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Dans les médias algériens, elle a entendu « tout et n’importe quoi ». Comme cette femme qui a choisi de cacher son visage par « pudeur ». Ou cette autre qui dit avoir agi ainsi par « respect pour sa famille ».  « Si elles veulent rester invisibles, elles n’ont qu’à rester chez elles ! », fulmine la militante.

Il a fallu que le gouvernement algérien adresse des mises en demeure aux partis politiques ayant autorisé cette pratique. Mais pour beaucoup d’Algériens, il aurait dû intervenir avant que le mal ne soit fait. « Oui, l’État a failli par manque de contrôle, mais c’est avant tout la responsabilité des partis politiques. Archaïques et opportunistes, ils ont complètement faussé l’esprit de la loi de 2012 qui consacre le rôle de la femme en politique », explique Nadia Ait Zai.

En 2012, des quotas de femmes

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Cette année-là, Abdelaziz Bouteflika fait voter une loi instaurant des quotas de femmes dans certaines instances politiques, dite « loi organique fixant les modalités augmentant les chances d’accès de la femme à la représentation dans les assemblées élues », la première du genre en Algérie. Le pouvoir l’a présentée comme faisant partie intégrante du processus de réforme politique. En réalité, cette loi était dans les tuyaux depuis l’amendement de la Constitution en 2008. Elle oblige les partis politiques à consacrer 30% de leurs listes électorales à des femmes. De même, elle réserve à ces dernières 30% des sièges au Parlement.

Le coup de pouce présidentiel a vite fait son effet. De 2007 à 2012, la place des femmes à l’Assemblée nationale populaire (ANP) a bondi de 7,75% à 30%.  Avec 143 femmes élues sur un total de 474 sièges, les Algériennes ont, à l’époque, surclassé les Tunisiennes − qui se sont rattrapées en 2014 en s’octroyant 30,88% des sièges au Parlement − et carrément battu les Marocaines (17% des sièges en 2011, 21% en 2016).

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Mais c’est un pourcentage en trompe-l’œil, car beaucoup de partis politiques ne conçoivent la participation féminine que pour faire du « remplissage ». Dans les faits, les femmes sont rarement en tête de liste et sont assimilées à des boulets que les partis politiques sont obligés de traîner par simple respect du quota.

Une émancipation toujours au forceps

Celles qui réussissent quand même à franchir la porte de l’Assemblée sont vouées à jouer les guerrières pour faire admettre à leurs collègues hommes des évidences. Par exemple, qu’un homme ne doit pas battre sa femme, la harceler dans la rue ou la déposséder de ses biens.

Le conservatisme croissant de la société algérienne, à l’instar de toutes les sociétés arabes, a remis en cause la volonté politique pro-féministe exprimée en 2012. Sa manifestation la plus éloquente s’est produite au moment de l’examen de la loi criminalisant la violence conjugale en 2015, qui a provoqué la colère des élus conservateurs. Ces derniers ont vu dans  le texte « une dislocation de la famille » et une « imposition des normes occidentales ».

Un député indépendant, Ahmed Khelif, est même allé jusqu’à dire, au moment de l’examen de cette loi, qu’il serait « plus simple d’avoir une maîtresse que d’être marié et de courir le risque d’être poursuivi en justice pour n’importe quelle faute ».

Même avec 30% des sièges parlementaires, c’est donc loin d’être gagné pour les femmes algériennes.

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