Tunisie : création d’un Conseil de la Presse pour lutter contre les « dérives » journalistiques

Un Conseil de la presse a officiellement été lancé ce jeudi en Tunisie pour lutter contre « les dérives » dans le secteur médiatique. Objectif : instaurer « un journalisme de qualité ». Aux manettes, notamment : le syndicat national des journalistes tunisiens.

Des jeunes filles devant des exemplaires de journaux à Tunis en 2011. © Christophe Ena/AP/SIPA

Des jeunes filles devant des exemplaires de journaux à Tunis en 2011. © Christophe Ena/AP/SIPA

Publié le 20 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

« C’est un jour historique, pas seulement pour les journalistes […] mais aussi pour la démocratie tunisienne et la liberté d’expression en général », s’est félicité Néji Bghouri, le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), lors d’une conférence de presse ce jeudi 20 avril.

Le conseil d’autorégulation fraîchement lancé − il était en gestation depuis plusieurs années − sera notamment chargé de rédiger une charte de déontologie. Créé par plusieurs organisations comme le SNJT et l’association des directeurs de journaux, il est pour l’instant dirigé par un comité provisoire, qui doit mettre en place des règles pérennes.

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Pédagogie au programme

Le lancement de l’instance « survient dans un contexte sans précédent qui connaît de plus en plus de manquements à l’éthique journalistique dans plusieurs médias audiovisuels, écrits et électroniques en Tunisie », a relevé dans un communiqué l’ONG Article 19, qui a accompagné sa création.

« Nous recevons de nombreuses plaintes de la part du public concernant des violations commises par les médias et la presse, notamment pour régionalisme […] ou racisme », a confirmé Néji Bghouri. Selon lui, beaucoup de Tunisiens jugent que certains médias sont devenus des outils « pour régler des comptes, calomnier, propager de fausses informations et parfois pour diffuser des discours de violence et de haine ».

Néji Bghouri en veut pour preuve la récente fuite d’un enregistrement attribué au fondateur d’une télévision privée, dans lequel il planifie une campagne de dénigrement contre une ONG anti-corruption. L’enregistrement en question a fait scandale et le Parquet a ouvert une enquête judiciaire.

On va aller crescendo jusqu’à, s’il le faut, retirer la carte de presse.

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Dans un premier temps, le Conseil de la presse veut faire de l’ « accompagnement et de la pédagogie ». Mais il pourra ensuite y avoir des avertissements et des blâmes. « On va aller crescendo jusqu’à, s’il le faut, retirer la carte de presse » aux journalistes ayant violé les principes déontologiques, a assuré à l’AFP l’un de ses membres, Manoubi Marouki.

Le Conseil, qui sera financé par le biais d’une association, espère aussi peser sur l’attribution des publicités publiques à la presse écrite en établissant « une liste des médias qui respectent la déontologie ».

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