Cameroun : Paul Biya ordonne le rétablissement d’internet dans les régions anglophones

Le président camerounais, Paul Biya, a ordonné jeudi le rétablissement d’internet dans le Nord-Ouest et le Sud-Est où le réseau est coupé depuis plus de trois mois sur décision du gouvernement, qui espérait ainsi minimiser l’impact de la crise anglophone en cours dans ces deux régions.

Le président du Cameroun Paul Biya. © Francois Mori/AP/SIPA

Le président du Cameroun Paul Biya. © Francois Mori/AP/SIPA

Publié le 21 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

« Instruction a été donnée (sur ordre du président Biya) aux opérateurs de la téléphonie de rétablir internet dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest avec effet immédiat », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, jeudi 20 avril.

Le réseau a été rétabli vers 18h00, heure camerounaise, a indiqué à l’AFP Gakwi Derick Jato, journaliste camerounais résident de la ville de Buéa, en zone anglophone.

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Une coupure internet inédite

Le 17 janvier, les quatre opérateurs présents au Cameroun, dont le sud-africain MTN et le français Orange, avaient prévenu leurs abonnés du nord-ouest et du sud-est, deux régions où vit majoritairement la minorité anglophone du Cameroun, en brouille avec le gouvernement, que  les services internet n’étaient plus disponibles dans ces régions pour des raisons « indépendantes de [leur] volonté ».

Fin mars, la ministre des Télécommunications avait pour la première fois, reconnu à demi-mot que les autorités étaient à l’origine de la coupure, la plus longue jamais enregistrée en Afrique. Une tentative pour le pouvoir d’étouffer les vives contestations qui animent ces deux régions anglophones du pays, qui se sont traduites depuis novembre 2016 par de nombreuses grèves et appels à des journées « villes mortes ».

« Les conditions ont fortement évolué »

« Les conditions ayant présidé à la suspension provisoire d’internet dans cette partie du territoire national ont fortement évolué », indique le communiqué gouvernemental signé par Issa Tchiroma Bakary.

« Le niveau de la violence a baissé, les journées ‘ville morte’ n’ont plus lieu d’être, les étudiants sont dans classe et la vie retrouve son cours normal », a détaillé à l’AFP le porte-parole du gouvernement, interrogé sur les raisons du retour soudain du réseau.

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« Le gouvernement de la république se réserve le droit de prendre (…) les mesures appropriées pour éviter qu’internet ne soit utilisé à nouveau pour susciter la haine et la discorde entre Camerounais, ou pour créer des troubles à l’ordre public », ajoute le communiqué.

Coût économique

« Mieux vaut tard que jamais mais quel gâchis et des questions restent en suspens. Le communiqué du porte-parole du gouvernement n’est pas rassurant », a indiqué Julie Owono, responsable Afrique de l’ONG française Internet sans frontières, jointe par l’AFP à Paris.

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Selon cette ONG, les pertes, par jour de coupure, sont estimées à 310 millions de francs CFA pour le secteur économique de ces deux régions frontalières du Nigeria, dont  fait partie la « Silicon Mountain », au pied du mont Cameroun, qui accueille de nombreuses start-up.

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