État islamique : un système de financement bien huilé

Taxes, extorsions, dons, trafic de trésors archéologiques et de pétrole… Retour sur les diverses sources de financement qui font la force de l’État islamique.

Pipelines des puits de pétrole dans le district de Rimelan, encore sous contrôle kurde. © Adem Demir / AFP

Pipelines des puits de pétrole dans le district de Rimelan, encore sous contrôle kurde. © Adem Demir / AFP

Publié le 2 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

"C’est 400 dollars par mois, ou la conversion à l’islam, ou la mort." Telles étaient les conditions posées par les jihadistes de l’État islamique (EI) aux chrétiens lors de la prise de Mossoul, dans le nord de l’Irak, en juin. "J’ai dû fuir. Et ils ont tout pillé", confie l’un d’eux, réfugié à Erbil, capitale du Kurdistan. Dans les territoires "gérés" par l’EI, du petit commerçant au patron nanti, tous sans exception doivent subir un système bien huilé de taxes et d’extorsions.

À ses débuts, l’organisation terroriste était alimentée par d’autres branches d’Al-Qaïda, quelques subsides rapportés par les jihadistes étrangers et par des sympathisants des pays du Golfe. Au Koweït et au Qatar, cette aide n’était pas considérée comme taboue, mais s’inscrivait dans une stratégie, permise par les autorités, visant à accélérer la chute de Bachar al-Assad et à affaiblir "l’ennemi" chiite.

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Jusqu’à l’an dernier, des campagnes d’appel aux dons pour l’achat d’armes et l’entraînement de combattants étaient retransmises à la télévision, relayées par des prêcheurs influents tels que Nabil al-Awadi au Koweït. Toutefois, ces financements, facilement traçables, se sont taris sous la menace de Washington. Mais l’EI en a-t-il encore besoin ? Au fil de ses gains territoriaux, l’organisation terroriste, qui serait la plus riche au monde, a fait main basse sur des banques, des entreprises, des institutions publiques et a perçu des rançons versées par des États, comme la France, pour la libération d’otages.

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À cela s’ajoute le trafic de trésors archéologiques : 36 millions de dollars (28 millions d’euros) rien que pour la zone d’Al-Nabuk, au nord de Damas. C’est toutefois le pétrole qui constitue la première ressource de l’organisation. Dans l’est de la Syrie et le nord de l’Irak, les jihadistes ont privilégié la conquête des champs pétroliers et des raffineries. Aujourd’hui, l’EI produit plus de 25 000 barils par jour, qu’il écoule auprès d’intermédiaires à un prix attractif (25 à 60 dollars pour le light crude oil).

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La majeure partie est stockée sur des camions qui franchissent la frontière avec la Turquie, pays de destination finale. Des va-et-vient surveillés par les drones de Washington, qui peine à convaincre Ankara d’assécher ce trafic. Le gouvernement turc dément avoir acheté du pétrole à l’EI. Pourtant, les experts sont unanimes : l’EI perçoit entre 1 et 2 millions de pétrodollars par jour. Démanteler leurs circuits financiers et leurs trafics porterait peut-être un coup plus rude aux jihadistes que les frappes militaires.

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