RDC : l’ONU s’insurge contre la décision de Kinshasa de dévoiler une vidéo de l’assassinat de ses experts
En réponse au choix des autorités congolaises de présenter lundi à la presse une vidéo dévoilant les conditions de l’assassinat de deux de ses experts en mars dans le Kasaï, dans le centre du pays, l’ONU a estimé le lendemain que celle-ci n’aurait pas dû être montrée.
La décision des autorités congolaises de présenter la vidéo de l’assassinat des deux experts de l’ONU à la presse n’a pas été du goût des Nations unies. « Nous ne pensons pas qu’elle aurait dû être publiée. Nous ne pensons pas qu’elle aurait dû être montrée », estime le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. « On ne peut qu’imaginer combien cela est traumatisant pour les familles des victimes », déplore t-il ensuite, tout en admettant que « la vidéo est une preuve du crime ».
Une diffusion pour s’exonérer de toute responsabilité ?
Quelques heures avant la réaction de l’ONU, les autorités congolaises avaient montré à la presse cette vidéo d’environ deux minutes, « dans le but apparent d’écarter les soupçons qui pèsent sur Kinshasa dans cette affaire », affirme l’AFP. Selon Ivan Vangu, conseiller au ministère congolais de la Communication et des médias, la diffusion a été choisie « à titre pédagogique », sans plus de précision.
Sur la vidéo en question, on aperçoit un homme et une femme qui correspondent au signalement des deux experts, Michael Sharp (Américain) et Zaida Catalan (Suédo-chilienne) entourés par sept personnes parlant le tshiluba, la langue dominante dans le Kasaï, coiffées de bandeaux rouges et armées de machettes, de bâtons, et pour l’un, d’un vieux fusil.
Lambert Mende accuse les miliciens Kamwina Nsapu
Rapidement, les deux étrangers sont contraints de s’asseoir par terre puis abattus. Un adolescent coupe alors la tête de l’une des victimes.
Selon le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, ce sont des miliciens Kamwina Nsapu qui se cachent derrière ce double assassinat. « La vidéo a été envoyée à un des contacts des terroristes pour qu’elle soit diffusée sur les réseaux sociaux. Nos services l’ont interceptée et, grâce à la géolocalisation, nos services ont pu remonter la filière pour arrêter des terroristes, auteurs de l’assassinat des experts de l’ONU », a-t-il ajouté.
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