Algérie : le gendarme de la Bourse suspend l’entrée de Cevital au capital de NCA Rouiba
La Cosob justifie la suspension par l’attente de la décision de l’État algérien d’exercer (ou pas) son droit de préemption. Une décision liée au statut étranger du cédant, AfricInvest, mais qui suscite la polémique.
La Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) à Alger a décidé de suspendre l’acquisition par Cevital, leader de l’agroalimentaire en Algérie, auprès d’AfricInvest de 15 % du capital de l’entreprise privée de boissons Nouvelle Conserverie algérienne (NCA-Rouiba). Dans un courrier adressé à NCA-Rouiba quelques jours après l’annonce de la transaction de bloc, la Cosob a notifié au groupe industriel que l’opération était suspendue « à la décision de l’État algérien d’exercer son droit de préemption ». Alger dispose de 30 jours pour le faire valoir.
Dubitatif
Cette décision surprend le PDG de NCA-Rouiba, Slim Othmani. La nouveauté de cette opération – la première grande transaction de bloc à la Bourse d’Alger – explique peut-être la réponse de la Cosob, avance dubitatif mais « indulgent », Slim Othmani, contacté par Jeune Afrique.
« Cette décision est liée au fait que le cédant, le capital-investisseur AfricInvest, est étranger (basé à Tunis, NDLR), explique une source proche du dossier, qui a requis l’anonymat. En Algérie, les opérations de cession par des non-résidents sont soumises au droit de préemption de l’État. La question est de savoir si ce droit s’applique aussi pour les opérations sur des titres cotés ».
« Au moment de l’entrée en Bourse (en mars 2013, NDLR), la levée du droit de préemption a été accordée à la totalité des actions de NCA-Rouiba, rétorque Slim Othmani. Après, on ne peut pas demander un droit de préemption à chaque transaction qui s’effectue presque quotidiennement, ça n’a pas de sens ».
Aberration
« Invoquer le droit de préemption est une aberration », insiste Omar Berkouk, consultant financier pour qui la Cosob a outre-passé son rôle. « Ce bloc est sur le marché, si l’État veut l’acquérir, il peut payer plus que Cevital et le prendre ». Pour ce spécialiste de la Bourse, c’est le Fonds national d’investissement (FNI) qui aurait dû intervenir et en aucun cas la Cosob dont la décision « n’a rien à avoir avec le fonctionnement normal du marché ».
« La Cosob a préféré jouer la carte de la prudence en saisissant elle-même l’État, décrypte notre source anonyme. La cession des parts d’AfricInvest à Cevital aurait du rester dans le domaine privé en attendant. » Un élément délicat pour une société cotée en Bourse…
NCA-Rouiba a déposé, mardi 16 décembre, une demande auprès du ministère de l’Industrie pour tenter de lever le droit de préemption.
En mars 2013, lors de l’introduction en Bourse, AfricInvest avait cédé 20 % de ses parts. Une fois la vente des 15 % achevée, le capital-investisseur sortira définitivement du capital de la PME algérienne.
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