Côte d’Ivoire : les faits que la procureure de la CPI reproche à Charles Blé Goudé
La Cour pénale internationale (CPI) étudie depuis lundi l’opportunité de juger – ou pas – Charles Blé Goudé. L’accusation, portée par la procureure Fatou Bensouda, demande que quatre chefs de crimes contre l’humanité soient retenus contre lui : meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains. Explications.
L’audience de confirmation des charges de Charles Blé Goudé devant la Cour pénale internationale (CPI) doit s’achever jeudi 2 octobre à La Haye. À l’issue de ces quatre jours d’audiences, les juges de la CPI auront deux mois pour décider si oui ou non, l’ancien général de la rue devra être jugé pour son rôle dans les violences postélectorales intervenues entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.
Selon l’accusation, Charles Blé Goudé aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains.
Le 29 septembre, lors de la première audience, Fatou Bensouda et son équipe ont étayé leurs accusations. "Par son charisme et ses qualités d’orateur, Charles Blé Goudé a galvanisé des milliers de jeunes par ses seuls discours. Par ses discours haineux, il a légitimé l’usage de la violence alors qu’il mobilisait et préparait les jeunes pro-Gbagbo au combat", a expliqué Éric Mc Donald, un membre de l’équipe de la procureure.
>> Lire aussi : Pour l’accusation, Blé Goudé est responsable "de certains des pires crimes"
"Il a utilisé des discours xénophobes et incité à la haine à l’encontre de civils pro-Ouattara, a semé la peur en les qualifiant de ‘menace existentielle’, a diffusé l’idée selon laquelle la violence contre ces derniers était une ‘question de survie’", a déclaré Fatou Bensouda.
Et de poursuivre : "M. Blé Goudé était au centre des décisions à l’origine des activités criminelles menées par les forces contre des civils. Il a joué un rôle essentiel dans la coordination des jeunes pro-Gbagbo qui ont constitué des éléments clefs de forces" favorables à l’ancien président ivoirien.
>> Lire aussi : Comment Blé Goudé s’est fait pincer
L’accusation mentionne cinq événements précis "représentatifs des crimes commis par les forces pro-Gbagbo lors des violences postélectorales et de la responsabilité pénale de Charles Blé Goudé".
- Le 16 décembre 2010, une marche de pro-Ouattara sur les locaux de la RTI pour y introniser son nouveau directeur général est violement réprimée. Durant les jours qui suivent, jusqu’au 19 décembre, les forces pro-Gbagbo mènent des attaques dans différents quartier d’Abidjan. Bilan selon l’accusation : au moins 45 morts, 50 blessés et au moins 16 femmes et jeunes filles violées. Pour l’accusation, "il s’agissait à chaque fois de victimes civiles".
- Entre le 25 et le 28 février 2011, "suite au mot d’ordre de Charles Blé Goudé, les forces pro-Gbagbo ont attaqué les quartiers perçus comme pro-Ouattara à Yopougon. Ils ont battu, tué, brûlé des personnes vivantes dans les rues. Ils ont brûlé une mosquée et assassiné son gardien". Bilan, selon l’accusation : au moins 24 personnes tuées ou brûlées vives et au moins 7 autres blessées.
- Lors de la marche du 3 mars 2011 à Abobo, "les forces pro-Gbagbo ont tué 7 femmes et blessés grièvement de nombreux autres alors qu’ils ont ouvert le feu sans préavis sur une marche pacifique de plus de 3 000 femmes".
- Le 17 mars, les forces pro-Gbagbo basées au camp d’Abobo ont tiré au mortier sur une zone civile densément peuplée où se trouvait un marché, une mosquée et des résidences. Au cours de cette seule journée de bombardement, au moins 40 civils ont été tués, 60 autres blessés au marché et dans ses environs.
- Le 12 avril 2011, les forces pro-Gbagbo, notamment des miliciens et des mercenaires, ont attaqué plusieurs quartiers de Youpougon perçus comme pro-Ouattara où ils ont tués au moins 60 civils et violé 22 femmes.
>> Pour aller plus loin : La vie de Blé Goudé derrière les barreaux de la CPI
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Par Vincent DUHEM
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