Afrique du Sud : ce que la justice reproche à Julius Malema

Le 30 septembre, le tribunal de Polokwane, dans le nord de l’Afrique du Sud, a décidé de renvoyer au 3 août 2015 le procès pour corruption ouvert à l’encontre de Julius Malema. Que reproche la justice sud-africaine à l’ancien enfant terrible de l’ANC ? Décryptage en quatre points.

Julius Malema, leader des Compagnons pour la liberté économique (EFF). © AFP

Julius Malema, leader des Compagnons pour la liberté économique (EFF). © AFP

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Publié le 30 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Julius Malema repète à qui veut l’entendre qu’il est prêt à en découdre avec la justice de son pays. Mais le jeune tribun sud-africain devra prendre son mal en patience. Le parquet de Polokwane, dans la partie nord de l’Afrique du Sud, a demandé, le 30 septembre, le report du procès engagé contre lui. La raison ? "Indisponibilité de certains avocats". Une requête jugée recevable par le tribunal qui a aussitôt renvoyé l’instruction … au 3 octobre 2015 ! En attendant, que sait-on de l’affaire ?

  • De quoi Julius Malema est-il accusé ?

En Afrique du Sud, l’affaire a déjà son petit nom : la "mafia du Limpopo" (du nom de la province sud-africaine, anciennement Transvaal-Nord). Selon l’accusation, Julius Malema en serait le chef. Il aurait ainsi perçu des rétrocommissions sur un projet provincial de construction de routes. Concrètement, la justice sud-africaine le soupçonne d’avoir détourné une partie des 52 millions de rands (3,6 millions d’euros) affectés par l’État aux grands travaux de réhabilitation des tronçons routiers du Limpopo, sa province natale, située à l’extrême nord-est du pays.

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En complicité avec ses alliés politiques qui étaient à la tête de la province de Limpopo au moment des faits, Julius Malema aurait fait bénéficier notamment à Ratanang, une société dont son holding familial est actionnaire, et à la compagnie On-Point Engineering un contrat juteux via un appel d’offres frauduleux.

  • Pourquoi la justice prend-elle son temps ?

Le 25 septembre 2012, Julius Malema est inculpé par la justice sud-africaine de "fraude, corruption, blanchissement d’argent et racket". Soit trois ans après les faits pour lesquels il est poursuivi. À l’époque, en 2009, il occupait encore l’influent poste de président de la Ligue de jeunesse de l’ANC.

Exclu du parti en avril 2013, il lance en juillet sa propre formation politique, les Compagnons pour la liberté économique (EFF), et devient l’un des pires détracteurs de Jacob Zuma, proférant de virulentes critiques à son encontre. Une position qui serait selon lui la raison d’un procès "politique", fondé sur un dossier vide. La justice marche donc sur des oeufs si elle ne veut pas être accusée d’être aux ordres de Jacob Zuma et de l’ANC.

De son côté Malema se bat comme un beau diable pour éviter un procès. Fin novembre 2013, il saisit la Haute cour sud-africaine pour tenter d’obtenir l’annulation de toutes ces charges qui pèsent sur lui. Sans succès. Le procès, initialement prévu pour le 18 novembre de la même année, est reprogrammé pour le 30 septembre 2014. Il était prévu qu’il s’étende jusqu’au 31 octobre, avant qu’il ne soit encore repoussé à fin 2015.

  • Quels sont ses complices présumés ?
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Au début de l’affaire, Julius Malema, 33 ans aujourd’hui, était poursuivi au même titre que neuf de ses complices, cinq personnes physiques et quatre sociétés dont la compagnie On-Point Engineering dans laquelle il détiendrait "de manière indirecte" des actions par l’entremise de son holding familial Ratanang.

Mais les premiers éléments de l’enquête judiciaire ont permis à la justice d’abandonner les charges contre quatre de ses complices présumés. Il s’agit de l’associé de malema, Serbie Manthata, de l’épouse de ce dernier, Helen Moreroa, et de son frère, Makgetsi Manthatha. Une raison d’espérer pour le leader de l’EFF ? C’est encore trop tôt pour le dire…

  • Que risque Malema ?
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En liberté sous caution depuis septembre 2012, Julius Malema risque gros. Il encourt une peine de 15 ans de prison ferme. Une éventuelle condamnation qui entraînerait par conséquent sa déchéance de son mandat de député. Ce serait alors un nouveau coup dur pour "Juju" qui a récemment été contraint de vendre aux enchères beaucoup de ses biens à la suite d’un redressement fiscal.

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Par Trésor Kibangula

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