Africa Telecom People, pleins feux sur les réseaux fixes

À l’occasion de sa dixième édition, le salon organisé à Abidjan les 18 et 19 décembre a choisi de consacrer son thème principal à l’importance des réseaux fixes dans les stratégies des opérateurs de téléphonie mobile.

Abidjan accueillie la 10e édition du salon Africa Telecom People. DR

Abidjan accueillie la 10e édition du salon Africa Telecom People. DR

Julien_Clemencot

Publié le 18 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Que peuvent apporter les réseaux fixes à l’Afrique ? Il y a encore cinq ans peu d’opérateurs mobile en avaient fait une priorité. Et pour certains ministres des Télécoms, la question paraît encore anachronique. « Cette année, je ne crois pas avoir vu une seule fois le téléphone de mon bureau sonner », s’est amusé Thierry Moungala, le ministre congolais des Postes et Télécommunications, lors de l’ouverture du salon Africa Télécom People le 18 décembre à Abidjan. Pourtant, réseaux fixes et mobiles ne peuvent plus être dissociés comme l’ont montré les interventions des acteurs du secteur lors de la dixième édition de l’événement créé par Oswald Louéké.

« C’est un retour aux fondamentaux, a reconnu en lançant le premier panel Bernard Sanchez, associé spécialiste des télécoms au sein du cabinet de consulting Marpij. Le fait que l’on puisse atteindre avec des réseaux mobile des vitesses aussi élevées qu’avec les boucles en cuivre a entraîné un effondrement des investissements dans ce domaine . Mais désormais l’évolution des besoins des entreprises et des particuliers en matière de services Internet, ainsi que la difficulté pour les opérateurs à offrir des débits conformes à leurs promesses en matière de haut débit mobile les obligent à reconsidérer l’intérêt des réseaux fixes ».

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« On a construit des câbles sous-marins, des stations d’atterrissement sur les côtes, des stations virtuelles pour les pays enclavés. Maintenant, il faut apporter toute cette capacité au plus près des utilisateurs en posant de la fibre optique », a résumé Rémi Fekete, avocat spécialiste des télécoms au sein du cabinet Gide Loyrette Nouel.

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Monopoles

Un besoin illustré par la situation de l’opérateur historique ivoirien selon Bruno Koné, le ministre ivoirien de la Poste et des Technologies de l`information et de la communication : « Côte d’Ivoire Télécom se porte bien car l’entreprise a adapté sa vision. Elle réalise 60 % de son chiffre d’affaires en louant ses services (donc ses infrastructures fixes, ndlr) aux autres opérateurs ».

Attention à ne pas constituer de monopole a cependant rappelé Katia Duhamel, avocate au sein du cabinet Bird & Bird. Cette spécialiste de la régulation a notamment plaidé pour l’adoption de licences technologiquement neutres, permettant à une même compagnie en fonction de ses besoins d’utiliser aussi bien de la 3G que de la fibre optique. C’est conforme à l’évolution de nos besoins a confirmé Wim Vanhellpute, directeur général de MTN Côte d’Ivoire, indiquant que toutes ces tours de télécommunication à Abidjan étaient déjà reliées par de la fibre optique.

Mutualisation

Par ailleurs, Katia Duhamel a insisté sur l’importance de la mutualisation ou de l’accès partagé concernant les réseaux. « À Kinshasa, les opérateurs se sont décidés à construire ensemble une boucle locale en fibre pour faire baisser les coûts. C’est de la responsabilité des régulateurs d’encourager ces démarches. Les textes existent souvent, mais ils ne sont pas toujours appliqués », a-t-elle déploré. Car l’a rappelé Rémi Fekete, les opérateurs sont loin d’avoir rentabilisé leurs investissements.

Mais Wim Vanhellpute s’est toutefois montré optimiste. « Deux ans après le lancement de la 3G en Côte d’Ivoire nous couvrons 30 % de la population. L’an prochain peut être 50 %. Il nous a fallu dix ans pour atteindre cela avec la 2G. Dans 10 ou 15 ans, je ne vois pas ce qui empêchera de généraliser la connexion des habitations à la fibre comme c’est le cas en Europe ». L’ancien ministre tunisien des Technologies de l’information et de la communication , Mongi Marzouk, désormais responsable de la gouvernance d’Internet au sein du groupe Orange, a cependant insisté sur l’importance des politiques publiques qui doivent encourager les investissements des opérateurs.

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