Tunisie : mort de Mohamed Talbi, penseur d’un islam moderne et ouvert sur le monde

Il aura marqué son temps. Historien, penseur et islamologue tunisien aux convictions solidement ancrées dans le réel, Mohamed Talbi, 95 ans, est décédé ce 1er mai à Tunis.

Mohamed Talbi, universitaire et islamologue tunisien, en juin 2000 à Tunis. © Vincent Fournier pour J.A.

Mohamed Talbi, universitaire et islamologue tunisien, en juin 2000 à Tunis. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 1 mai 2017 Lecture : 1 minute.

« Seul le Coran oblige », assénait ce défenseur acharné d’un islam ouvert et compatible avec la modernité.

Fervent musulman, il a consacré une partie de ses travaux au dialogue interreligieux et interculturel et axé la trentaine d’ouvrages qu’il a publiés sur une approche de l’islam centrée sur le livre saint. Ses positions ont valu de nombreuses menaces de mort à l’auteur de Penseur libre en islam, ou de L’Islam n’est pas voile, il est culte et de Ma religion c’est la liberté : l’islam et les défis de la contemporanéité, ouvrages majeurs d’un homme guidé par la foi et le courage.

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Il avait été particulièrement ciblé par les islamistes tunisiens après la chute du régime de Ben Ali en 2011. Ils reprochaient à ce chercheur, qui assurait que « la charia est une œuvre humaine désuète » ouvrant la voie à un État théocratique, de soutenir que l’islam était né laïc. Ils lui en voulaient plus particulièrement d’avoir qualifié Ennahdha de « cancer qui métastase partout » et d’avoir prêté à Rached Ghannouchi, président du parti islamiste tunisien, l’intention de noyauter les sphères du pouvoir.

Révision de la pensée musulmane

Connu pour son franc-parler et son audace, l’universitaire, fondateur de l’Association internationale des musulmans coraniques, invitait à une révision de la pensée musulmane, marquée par des siècles d’immobilisme l’ayant rendue selon lui incompatible avec la modernité. Pour Talbi, c’était là l’une des sources qui favorise l’extrémisme et le terrorisme.

Il dénonçait la charia comme une œuvre humaine figée depuis le IXe siècle, prenant son origine dans une époque révolue depuis longtemps. « Durant deux siècles les musulmans vécurent, très bien, sans charia. Elle n’oblige aucun musulman en son âme et conscience. Seul le Coran oblige » : telle est la phrase clé de Mohamed Talbi que les générations futures retiendront sans doute. Il aurait souhaité qu’elles en fassent bon usage.

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