Jean-Luc Parodi : « Sarkozy vainqueur ? Sans doute, mais dans quel état ! »
Conseiller pour les affaires politiques à l’Ifop, le politologue Jean-Luc Parodi est convaincu que l’ancien président ne sortira pas indemne de la course d’obstacles qui l’attend jusqu’en 2017.
Jeune afrique : D’où vient le problème de leadership de la droite française ?
JEAN-LUC PARODI : La question aurait pu être tranchée par une victoire nette de François Fillon ou de Jean-François Copé dans leur duel fratricide. Mais en laissant entendre qu’il pourrait revenir et en favorisant les chances d’un quasi-match nul délégitimant, Nicolas Sarkozy a empêché l’UMP de se donner un nouveau leader. Ce qui naturellement s’explique puisque, de son point de vue, ce leader ne saurait être que lui-même.
À l’arrivée, sa candidature à la primaire UMP a pour objectif, en redonnant à ce parti et à la droite son leader presque naturel, de vider de son contenu la seconde primaire, réduite à une simple procédure de confirmation de la première.
>> Lire aussi : Sarkozy peut-il réussir son retour ?
Quels obstacles s’opposent à ce retour gagnant ?
Mon hypothèse est que ce retour sera en effet gagnant, mais que les cicatrices seront nombreuses et que le vainqueur sera à la fois légitime et affaibli. Il y a au moins trois obstacles.
D’abord, l’élection du président de l’UMP. La bonne campagne de Bruno Le Maire, les réticences antisarkozystes d’une fraction minoritaire du parti, le vote des partisans d’Alain Juppé, tout cela peut s’ajouter pour empêcher une victoire triomphale de Sarkozy. Ensuite, les affaires judiciaires en cours. Il est clair que seule une condamnation qui le rendrait inéligible pourrait l’empêcher de se présenter.
Toutes les autres procédures renforceraient probablement sa position auprès des militants. Même si la plus embarrassante, le dépassement de ses comptes de campagne 2012, risque de le handicaper, en l’empêchant de mener à nouveau une campagne financièrement hors la loi, elle ne pourra pas l’empêcher de se représenter.
Enfin, la primaire pour la présidentielle. Certes, une série d’inconnues peuvent entraver la marche triomphale de ce vainqueur blessé : l’ouverture du corps électoral au-delà des seuls sympathisants UMP, la surparticipation de sympathisants de la droite modérée et une bonne campagne de Juppé. Mais la relative faiblesse de l’antisarkozysme de droite laisse peu de chances à un bouleversement de la hiérarchie.
À l’arrivée, un guerrier victorieux, couturé de blessures bien qu’ayant rétabli son leadership sur la droite, devrait l’emporter péniblement sur Marine Le Pen. Loin des 82 % des voix recueillis par Jacques Chirac en 2002. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ajouter aux autres cette nouvelle blessure ne facilitera pas la politique de réformes dont il entend se faire le héros, et l’inexorable austérité par laquelle devra bien passer la France.
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