Mali – Sénégal : la mystérieuse cargaison d’armes du Sea Soul 1

Le 12 août, le Sea Soul 1 et sa cargaison d’armes ont coulé au large de Dakar. Mais depuis que l’équipage a été inculpé, l’enquête piétine. Qui donc, au Mali, devait réceptionner la précieuse cargaison ?

Des lance-roquettes aurait fait parti de la cargaison. © Glez

Des lance-roquettes aurait fait parti de la cargaison. © Glez

Publié le 9 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

C’est une histoire un peu curieuse et qui, depuis quelques semaines, agite Dakar et Bamako. L’histoire d’un navire chargé d’armes, dont on ne sait pas trop à qui elles étaient véritablement destinées, mais dont on est sûr qu’il a sombré.

Parti du port de Jebel Ali, aux Émirats arabes unis, en mars, avec escales au Soudan et en Turquie, le Sea Soul 1 n’était pas tout jeune. Il avait été racheté en 2012 par une société roumaine après six changements de main et presque autant de pavillons – une jolie performance, affirment les connaisseurs.

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Le 9 août, il arrive donc à Dakar. Le port est bondé, le navire doit amarrer à proximité. Trois jours plus tard, il coule. Les marins, égyptiens et indiens, ont-ils délibérément sabordé le navire, comme tend à le croire la justice sénégalaise ? Ont-ils paniqué ou obéi aux ordres de l’armateur ? Ils nient être responsables du naufrage, mais, d’abord entendus comme témoins, ils finissent par être inculpés début septembre pour sabotage et trafic international d’armes.

Qu’est-ce qui pose problème aux douanes sénégalaises ? Le fait que le capitaine du navire n’ait pas pu justifier "la détention régulière" de la cargaison, le 10 août. Le procès-verbal dressé à la suite de cette visite mentionne notamment "8 000 fusils de chasse, 379 kg de poudre explosive et 20 276 000 cartouches".

Les armes : des surplus de l’armée irakienne

Il y a, dans cette affaire, beaucoup de zones d’ombre et de rumeurs. On ignore où les armes (des surplus de l’armée irakienne) et les munitions (fabriquées par la société turque Turaç) ont été chargées. Une source sénégalaise affirme aussi que des lance-roquettes figureraient parmi ce qui était censé n’être que des "armes de chasse". Quant à l’ambassade turque à Bamako, elle assure n’avoir aucune information officielle sur cette cargaison.

Une certitude : les conteneurs devaient être acheminés jusqu’au Mali. Mais étaient-ils promis à un groupe rebelle du Nord ?

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Une certitude : les conteneurs devaient être acheminés jusqu’au Mali. Mais étaient-ils promis à un groupe rebelle du Nord, bien que ceux-ci aient – les événements de ces deux dernières années l’ont prouvé – plutôt d’autres circuits d’approvisionnement ? Devaient-ils soutenir un coup d’État fomenté par des sympathisants de l’ancien capitaine putschiste Sanogo, comme l’ont un temps cru des diplomates en poste à Bamako ? Étaient-ils destinés à l’armée régulière ou à une milice progouvernementale ?

À Bamako, on assure que le gouvernement n’a rien à voir dans cette affaire (une source sécuritaire malienne a pourtant confié à Jeune Afrique que la commande avait bien été passée pour le compte du ministère de la Défense). Officiellement, le chargement était destiné à un particulier, Abdoul Aziz Mangané, le PDG de Carma Mali – un armurier régulièrement sollicité par le gouvernement pour fournir les forces de sécurité en armes de petit calibre et en munitions.

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Détail troublant : ce n’est pas la première fois qu’il perd de la marchandise. En 2009, ses locaux bamakois avaient entièrement brûlé. Cette fois-ci, ce sont 2 milliards de F CFA (3 millions d’euros) qui auraient disparu avec le Sea Soul 1.

Mangané pourra, en tout état de cause, compter sur la diligence du gouvernement malien, qui, pour une histoire a priori privée, a envoyé à Dakar une mission interministérielle, mi-septembre. Elle était composée de représentants des ministères de l’Équipement, de la Défense, de la Justice, du Commerce, et des Douanes. Pas moins.

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