Ouganda : Yoweri Museveni, ce « dictateur merveilleux »
Dans une interview à l’étranger, le président ougandais s’est lui-même qualifié de « dictateur ». Humour ? Les propos font plus ou moins rire les internautes…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 mai 2017 Lecture : 2 minutes.
Les déclarations de l’énigmatique Yoweri Museveni devraient toujours être livrées avec un décodeur. Après visionnage, le 29 avril, de son interview accordée à la chaîne al-Jazeera, les téléspectateurs ont été interloqués par certains propos. À la question « que retiendra l’histoire de Museveni : un dictateur ou un président démocratique ? », l’intéressé répond : « un dictateur qui est élu cinq fois. Cela doit être un dictateur merveilleux. Il doit être spécial ». Les déclarations tournent immédiatement en boucle sur les réseaux sociaux, sans qu’on puisse affirmer avec certitude si c’est du lard ou du cochon.
Faut-il saluer le second degré d’un chef d’État réputé avoir le goût de la plaisanterie, à défaut d’en avoir le talent ? Faut-il dénoncer la morgue cynique d’un indéboulonnable méprisant ? Faut-il se gausser d’un chef d’État naïf qui donne le fouet pour se faire battre ? Les déclarations passées de Museveni ne permettent pas de déterminer s’il s’agit, cette fois, d’un trait d’esprit ou d’une gaffe.
En juillet dernier, le président ougandais recevait le Premier ministre israélien, à l’occasion du quarantième anniversaire du raid d’Entebbe, intervention militaire durant laquelle fut tué le frère aîné de Benyamin Netanyahou. Coiffé de son fameux chapeau, l’hôte avait tenu un discours incongru, tissant histoire biblique à chronologie approximative avec des références à la Palestine et à l’anti-sioniste iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Longévité au pouvoir : dans le top 5 africain
Alors que penser de cette adresse à la chaîne qatari ? Sans trancher, la toile commente et moque. Certains internautes s’adressent directement au président « grincheux », en lui concédant qu’il est un dictateur, même « spécial » et « merveilleux ». D’autres louent le journaliste-héros, mettant chapeau bas devant l’impertinence de ses questions. D’autres encore s’arrêtent sur cette autre déclaration de Museveni qui affirme que « l’Ouganda est l’un des pays les plus démocratiques du monde », ce que semblent contredire les classements des ONG internationales.
Sans doute le chef de l’État ougandais soutiendrait-il que l’alternance n’est pas une condition sine qua non de la légitimité démocratique. Avec 31 ans aux commandes de cette « grande démocratie », le président est entré dans le top 5 des dirigeants africains qui ont le plus d’années de pouvoir au compteur. Il y côtoie ainsi Teodoro Obiang Nguema, Robert Mugabe, Paul Biya et José Eduardo dos Santos qui, pour avoir annoncé sa retraite, devrait permettre à Museveni d’atteindre la quatrième place des indéracinables…
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