Présidentielle française : un débat Le Pen-Macron marqué par les invectives

Au cours des trois heures de débat qui ont opposé Emmanuel Macron à Marine Le Pen ce mercredi soir, à aucun moment l’Afrique n’a été évoquée. Ça n’est d’ailleurs pas le fond mais surtout la forme – un échange de joutes verbales entre les deux candidats à la présidentielle – que l’on retiendra de ce duel de l’entre-deux tours.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron sur le plateau du débat le mercredi 3 mai 2017. © Eric Feferberg/AP/SIPA

Marine Le Pen et Emmanuel Macron sur le plateau du débat le mercredi 3 mai 2017. © Eric Feferberg/AP/SIPA

Publié le 4 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

« Jamais un débat de l’entre-deux-tour n’aura été aussi vif », écrit en une le journal Le Parisien au lendemain du débat. « On attendait un débat tendu, il fut brutal. Pas une seconde de courtoisie ou d’amabilité ou tout simplement de politesse », poursuit en pages intérieures le quotidien. « Il est malaisé de qualifier de débat le pugilat d’hier soir », abonde Paul-Henri du Limbert, éditorialiste au Figaro.

Réunis pendant près de trois heures, les deux candidats étaient interrogés ce mercredi 3 avril sur différents thèmes tels que l’Europe, le terrorisme, la sécurité sociale ou encore le droit du travail. Rien sur l’Afrique, en revanche. Sur tous ces sujets, Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont fait montre de visions radicalement opposées, qui se sont exprimées sur fonds d’invectives incessantes. Florilèges.

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L’expulsion des fichés S étrangers 

Le ton est notamment monté entre les deux candidats à la présidentielle au moment d’aborder la question de la déchéance de la nationalité. Pour Marine Le Pen, « il faut que l’on expulse tout de suite les fichés S étrangers ». « Tous ceux qui, étrangers sur notre territoire, ont un lien avec le fondamentalisme islamiste, dehors, dehors ! Tous ceux qui sont doubles nationaux, on mettra en œuvre la déchéance nationale », a-t-elle insisté.

Emmanuel Macron a de son côté affirmé que « les terroristes que l’on veut combattre − et que j’éradiquerai, promet-il −, ce sont des gens qui se suicident dans les attentats ». « Quelqu’un qui est dans cette disposition d’esprit, vous pensez que la déchéance nationale brandie par Mme Le Pen, ça le fait trembler ? », a demandé l’ancien ministre de l’Économie.

Le candidat d’En Marche! a soutenu que la lutte contre la menace terroriste serait sa « priorité » s’il était élu. « Les fichiers S ce sont des fichiers de renseignement », donc « mettre en prison [tous les fichés S] ou hors des frontières n’aurait pas de sens », a-t-il lancé.

L’euro fort VS « la monnaie du peuple »

Autre passe d’armes, sur la question de l’Europe. « L’euro, c’est la monnaie des banquiers, ce n’est pas la monnaie du peuple », et « c’est la raison pour laquelle il faut que l’on arrive à [s’en] arracher », a affirmé la candidate du Front national, qui a défendu son projet de passage d’une monnaie unique à une monnaie nationale tout en se défendant de vouloir créer « le chaos ».

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« Ma vision, c’est de construire un euro fort et une politique européenne forte, dans laquelle nous défendrons les intérêts de la France », a contre-attaqué l’ancien ministre de l’Économie. Avant d’ajouter : « À Toulouse, Saint-Nazaire ou ailleurs en France, un tiers de la valeur est faite dans d’autres pays européens car nous sommes intégrés. Le jour d’après la sortie de l’euro, on sera en francs et vous allez faire baisser leur compétitivité », a aussi affirmé Emmanuel Macron.

Un « énorme problème d’immigration clandestine »

Le thème de l’immigration n’a pas occupé une place centrale lors de ce débat, même s’il illustre bien l’abîme qui sépare les deux candidats; Marine Le Pen a ainsi réitéré son souhait de lutter activement contre l’immigration clandestine tandis qu’Emmanuel Macron s’est dit plutôt en faveur d’une étude des demandes d’asile au cas par cas. Il s’est aussi défendu de stigmatiser les étrangers comme Marine Le Pen envisage de le faire, selon lui.

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La candidate du Front national a par ailleurs soulevé un « énorme problème d’immigration clandestine » à Mayotte et en Guyane qui, selon elle, « noie » les systèmes de santé locaux. Là où son adversaire voit surtout un problème de pénurie des professionnels de santé.

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