Racisme dans le foot : « La suspension du Ghanéen Sulley Muntari est une décision aberrante »

Philippe Piat est le président du syndicat international des joueurs de football (Fifpro). Pour lui, les actes de racisme dont a été victime le Ghanéen Sulley Muntari dimanche 30 avril durant un match à Cagliari en Italie, et la sanction qui lui a été administrée pour sa sortie de terrain mettent au jour un certain laxisme des pouvoirs sportifs et publics.

Le Ghanéen Sulley Muntari lors d’un match à Milan en Italie, le 4 octobre 2014. © Antonio Calanni/AP/SIPA

Le Ghanéen Sulley Muntari lors d’un match à Milan en Italie, le 4 octobre 2014. © Antonio Calanni/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 4 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Ce qui est arrivé à Muntari n’est pas une première. Craignez-vous une banalisation des actes racistes dans le football ?

Philippe Piat : Il faut à tout prix éviter cela ! Mais hélas, de telles choses sont de plus en plus fréquentes. Beaucoup de pays sont touchés, mais dans certains, le phénomène a tendance à s’amplifier. Et régulièrement, l’attitude des différents pouvoirs concernés manque de fermeté. Or les cris de singe, les insultes racistes, cela ne doit pas être toléré.

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Prenons le cas Muntari : il a écopé d’un avertissement, puis a été suspendu un match. À croire que le coupable, c’est lui…

C’est exactement cela. Il s’est passé quelque chose de grave à Cagliari, et c’est la victime qui est sanctionnée ! Ce sont des décisions navrantes, aberrantes même. Je ne comprends pas du tout l’attitude de l’arbitre, qui aurait dû faire quelque chose : alerter le délégué du match, par exemple. Un joueur vient lui signifier qu’il est victime d’insultes racistes, et il lui adresse un avertissement…

L’arbitre n’a pas su, ou pas voulu, mesurer l’importance des faits. Je crois d’ailleurs que cela relève d’un réel problème : il faut peut-être s’interroger sur l’attitude que devraient avoir tous les arbitres confrontés à ce type de problème. Il faudrait aussi penser à mieux les informer et les sensibiliser.

Qui est responsable, en dehors des personnes qui sont à l’origine des actes racistes ?

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Les pouvoirs sportifs et publics doivent faire preuve de plus de fermeté. Le problème n’est pas abordé de la même façon selon les pays, ce qui est regrettable. Les organisateurs, comme les ligues et les fédérations, doivent aussi se montrer plus impliqués, ainsi que les clubs. La Fifa fait des choses, notamment dans le domaine de la prévention. C’est bien, c’est important, mais il faut réfléchir à des sanctions dissuasives.

S’il n’y a pas de sanctions, ou qu’elles sont légères, s’installera alors un sentiment d’impunité. Et cela ne dissuadera pas certains supporters de balancer des insultes racistes. Et puis retirer des points à une équipe dont les supporters commettent un acte raciste, cela revient aussi à punir des joueurs qui ne sont pas responsables…

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Craignez-vous des agressions physiques contre des joueurs, en raison de la couleur de leur peau, de leur religion ou de leur nationalité ?

Il faut rester attentif… Cela peut toujours arriver. Personne n’est à l’abri de cela. On l’a vu à Bastia lors du match Bastia-Lyon (le 16 avril), même si cela n’avait rien à voir avec les origines ou la religion…

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