Cameroun : Lydienne Yen Eyoum reconnue coupable de détournements de fonds publics
Le verdict est tombé dans le procès de Lydienne Yen Eyoum. L’avocate franco-camerounaise, accusée de détournements de fonds publics, a été reconnue coupable vendredi par le Tribunal criminel spécial et condamnée à 25 ans d’emprisonnement.
Mis à jour à 17h00.
Elle se disait confiante. Ses avocats l’étaient moins. Lydienne Yen Eyoum a été finalement reconnue coupable, après près de cinq ans de détention provisoire à Kondengui, la prison centrale de Yaoundé. L’avocate franco-camerounaise était accusée de détournements de fonds publics. Son co-accusé, l’ancien ministre des Finances, Polycarpe Abah Abah, a en revanche été déclaré non-coupable par le Tribunal criminel spécial chargé de juger l’affaire, mais il reste poursuivi dans plusieurs autres dossiers.
>> Lire aussi : "Cameroun : l’affaire Lydienne Yen Eyoum, un procès jugé d’avance ?" et "Cameroun : verdict du procès de Lydienne Yen Eyoum reporté au 26 septembre"
Vendredi 26 septembre, le TCS a donc condamné Lydienne Yen Eyoum à une peine de 25 ans d’emprisonnement pour détournements de fonds publics. L’accusation avait auparavant requis la prison à vie. "Une mascarade de justice", selon son avocate française, Me Caroline Wassermann. "Je suis sidérée par le fonctionnement de la justice camerounaise, qui est à l’image de son gouvernement et de son président", confie-t-elle, quelques minutes après avoir eu connaissance du verdict.
"Je n’ose imaginer dans quel état Lydienne doit se trouver", s’inquiète encore l’avocate qui dénonce un verdict "grotesque", même si la condamnée dispose encore de quelques recours. Une instruction est ainsi en cours en France pour traitements inhumains et dégradants et les mécanismes de l’ONU peuvent être enclenchés, tout comme ils l’avaient été dans l’affaire Thierry Michel Atangana, libéré après plus de 17 ans d’emprisonnement. "L’ONU va être informée et je ne pense que cette décision va beaucoup leur plaire", prévient ainsi Me Wassermann.
Un espoir à l’ONU ?
Très suivi du côté des autorités diplomatiques, notamment à l’ambassade aux droits de l’homme du temps de François Zimeray puis de son successeur Patrizianna Sparacino-Thiellay, le dossier est également suivi depuis l’Élysée, via la conseillère Afrique de François Hollande, Hélène Le Gal, en contact avec Thierry Michel Atangana, président du comité de soutien de Lydienne Yen Eyoum. Outre les recours possibles, Me Black Yondo confiait récemment à Jeune Afrique qu’il lui paraissait vraisemblable que le tribunal prononce une condamnation afin de permettre au président Paul Biya d’accorder une grâce.
"Je suis sidérée par le fonctionnement de la justice camerounaise, qui est à l’image de son gouvernement et de son président"
"Il faut qu’elle disparaisse pour que eux survivent", confiait quelques jours avant le verdict Me Alice Nkom, qui l’a longtemps côtoyée au barreau de Douala. "Son cabinet marchait très bien, et elle a défendu l’État pendant des décennies. Elle a gagné de l’argent pour cet État et aujourd’hui, c’est lui qui se retourne contre elle, c’est inconcevable", s’indigne encore l’avocate.
Alice Nkom avait appelé Lydienne Yen Eyoum peu de temps avant son arrestation pour l’avertir des rumeurs. Elle ne voulait pas y croire. "Elle me disait qu’elle ne voulait plus parler de cette histoire, elle disait qu’elle n’avait rien à se reprocher". Le Tribunal criminel spécial, dans une justice qui semble tout sauf exemplaire, en a jugé autrement.
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Par Mathieu OLIVIER
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