L’un des derniers dinosaures a été retrouvé en Afrique…
Les scientifiques continuent de découvrir les restes de dinosaures africains. Ceux de la jungle politicienne n’ont pas encore disparu, au moment où la France glorifie la jeunesse au pouvoir. Mais que signifie la question de l’âge en politique ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 mai 2017 Lecture : 2 minutes.
Afrique terre des dinosaures ! La presse marocaine est fière de relayer, ces derniers jours, le quotidien The Irish Times qui évoque la récente découverte des restes du « Chenaninsaurus barbaricus », du groupe des abelisaures, dans la mine de phosphate de Sidi Chennane en pleine région de Khouribga. Il s’agit de l’un des derniers dinosaures ayant foulé la terre avant leur extinction, il y a 66 millions d’années.
Les scientifiques s’enthousiasment de cette trouvaille d’une espèce rare de bipèdes, sortes de tyrannosaures au museau plus petit et aux bras plus fins. Mais des tyran(nosaure)s antédiluviens, l’Africain lambda n’en manque guère dans son personnel politique. Et la fierté d’habiter un continent « originel » qui abrita Lucy ou quelque animal préhistorique laisse rapidement la place à l’envie de renouvellement des espèces au pouvoir, particulièrement au moment où la France élit – petite révolution pour ce pays – un chef d’État de 39 ans.
En reproduisant le fac-similé du courrier de félicitations du président camerounais au nouvel élu « gaulois », le site camer.be titre : « Paul Biya félicite son petit-fils Emmanuel Macron ». Sans doute le nombre de « printemps » du leader d’une nation est-il moins le problème que son nombre de trimestres passé au pouvoir. Si le Tunisien Béji Caïd Essebsi a 90 ans, sa légitimité présidentielle a moins de trois ans. Quant à Abdelaziz Bouteflika – deux fois l’âge de Macron – ou Robert Mugabe – 93 ans au compteur -, on se formaliserait moins de leur longévité sur la planète si leur état de santé inspirait davantage confiance.
La jeunesse, gage de talent ?
Face à l’espèce des présidents au pouvoir depuis plus de trois décennies, le « Chenaninsaurus barbaricus » peut apparaître moins archaïque que le « tricéphalops », cette hydre à trois têtes qui squatte le top des chefs d’État indéboulonnables : Paul Biya, 84 ans dont 34 sur le trône et les « jumeaux politiques » José Eduardo dos Santos et Teodoro Obiang Nguema, tous deux âgés de 74 ans et installés à leur présidence respective depuis 37 années…
Comme Emmanuel Macron, Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir l’année de ses 39 ans ; Joseph Kabila, lui, n’avait même pas 30 ans
Inutile donc de se focaliser sur l’acte de naissance, la jeunesse n’étant ni un gage de talent ni une garantie de succès. Comme Emmanuel Macron, Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir l’année de ses 39 ans. Quant à Joseph Kabila, il n’avait même pas 30 ans quand il a pris les rênes de la RDC. Les uns diront qu’ils étaient pistonnés, via leur hérédité, et d’autres ajouteront que le président élu de la France est aussi le « fiston » (spirituel) de son prédécesseur…
De toute façon, inutile d’aborder cette question des années en politique par un regard européocentré. Ni par une vision afrophobe. Dirigé par un émir de 37 ans, Tamim ben Hamad Al Thani, le Qatar n’est pas exempt de critiques. Quant à l’impénétrable Corée du Nord, son grand leader Kim Jong-un est arrivé au pouvoir bien plus jeune que Faure Gnassingbé ou Joseph Kabila…
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