Ouganda : pénis à géométrie variable
La sexualité n’est pas simple pour les mâles ougandais. Ni pour les hétérosexuels qui ne trouvent pas de préservatifs à leur taille, ni pour les homosexuels qui ne trouvent pas de cadre juridique à leurs amours…
18,03 cm en érection : le pénis national moyen le plus long de la planète serait africain, selon une étude récente. Il serait plus précisément congolais. Si les sexologues affirment que la taille du membre viril n’a pas d’influence sur le plaisir fourni, la générosité de la proéminence pourrait contribuer indirectement à la propagation des maladies sexuellement transmissibles. C’est le cas lorsque le sexe masculin trop volumineux fait exploser le préservatif. Mais n’est-ce pas la capote qui est trop petite pour "l’outil" ? Auquel cas, il suffirait que le fougueux acquière un condom bien calibré. Ce qui n’est pas toujours possible…
Des députés ougandais se sont penchés sur la question en voyageant par monts et par vaux. Étaient-ils munis d’un double décimètre et de clichés de charme susceptible de conduire les pénis à leur dernière extrémité ? Les élus affirment, en tout cas, que les préservatifs disponibles dans le pays seraient trop petits pour les organes de nombreux hommes, particulièrement originaires de certaines régions. Loin d’être anecdotique, le défaut de calibrage favorise la propagation du sida dans un pays où la promotion du condom fit pourtant chuter le taux de prévalence de 18%, en 1992, à 6,4% en 2005. En 2011, celui-ci s’établissait à nouveau au-dessus des 7% et quelque 80 000 personnes, en Ouganda, meurent chaque année du sida. C’était donc bien le rôle de la commission parlementaire sur le VIH-sida de s’enquérir de la morphologie intime de ses concitoyens. Et le député Merard Bitetkyerezo de déclarer trivialement : "certains jeunes se plaignent que leurs organes n’entrent pas dans les préservatifs". Problème d’ajustement de l’offre à la demande qui a conduit les élus à interpeller les fabricants et les distributeurs de capotes.
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La mise en lumière de la frustration des amours mal équipées est tout de même flatteuse pour la réputation du mâle local. En particulier dans un pays qui aime valoriser une masculinité censément hétérosexuelle et bien "montée". En Ouganda, il n’y a guère de place pour la modestie des organes, l’ambiguïté des identités sexuelles ou l’affirmation d’une part de féminité. De même que les autorités ont pris, cette fois, des mensurations plus que des mesures politiques, elles aiment indiquer là où les organes mesurés devraient exclusivement s’introduire. En février dernier, Yoweri Museveni – fervent chrétien évangélique – promulguait (momentanément) une loi qui alourdissait l’arsenal judiciaire de répression contre des relations homosexuelles déjà passibles de la prison à vie. Et pas question pour les "bons" Ougandais de compenser l’absence de préservatifs calibrés par n’importe quelle pratique à faible risque pour la transmission du VIH. Le président ougandais fustigeait ainsi le sexe oral en ces termes : "La bouche sert à manger, pas pour le sexe. La bouche est conçue pour embrasser"…
Heureux les Coréens…
En attendant qu’on achalande le marché ougandais avec des condoms XXL, les hétérosexuels bien membrés seront-ils logés à la même enseigne que les gays, condamnés à l’abstinence ? Il faudrait alors se réjouir d’avoir un sexe de taille modeste et donc tout terrain. Heureux les Coréens du Nord et du Sud qui, selon l’étude irlandaise menée par l’université d’Ulster et publiée dans la revue scientifique "Personality and Individual Differences", ont les organes les plus courts de la planète. Dans le peloton de queues déployées, les leurs auraient une moyenne de 9,652 cm, environ une moitié du pénis congolais. Toutefois, ceux qui propagent le mythe du sexe noir démesuré ne devraient pas généraliser ces chiffres à l’échelle des continents. Dans l’ordre et dans ce classement de la "courte paille", les mieux dotés sont africains (congolais et ghanéens), sud-américains (équatoriens et colombiens) et Européens (Islandais). L’Ouganda, lui, fait partie de la vingtaine de pays non répertoriés dans l’enquête…
De toute façon, une autre étude – publiée par l’université de Padoue -, indique que les perturbateurs endocriniens qui pullulent dans notre environnement contribueraient à l’atrophie du sexe masculin. La longueur moyenne du pénis au repos serait passée de 9,7 cm, en 1948, à 8,9 cm en 2012. Les Ougandais n’ont qu’à être patients…
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Par Damien Glez
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