Niger : une manifestation contre la corruption dispersée à Niamey après son interdiction par les autorités
Une manifestation organisée par plusieurs organisations de la société civile et interdite à la dernière minute par les autorités a été dispersée ce mercredi matin à Niamey, au Niger. Maikoul Zodi, l’un des organisateurs du mouvement, y voit une nouvelle tentative d’étouffer toute contestation au gouvernement.
![Le boulevard de la République, à Niamey au Niger, en janvier 2016. © Vincent Fournier/JA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2017/01/25/rs65735_vf16020412380018-scr.jpg)
Le boulevard de la République, à Niamey au Niger, en janvier 2016. © Vincent Fournier/JA
Dès 7 heures du matin ce mercredi, des dizaines de personnes avaient commencé à se réunir sur l’une des principales places de la capitale nigérienne à l’appel de plusieurs activistes, pour dénoncer les problèmes de gouvernance, les pénuries d’électricité et la corruption. Mais rapidement, les manifestants ont été dispersés par les forces de police, venues en nombre pour empêcher le rassemblement. « La manifestation était prévue de longue date, mais nous avons reçu seulement hier dans la soirée un arrêté l’interdisant pour ‘risques de troubles à l’ordre public’ » a expliqué à Jeune Afrique Maikoul Zodi, l’un des organisateurs du mouvement et membre de la campagne internationale Tournons la page pour l’alternance démocratique en Afrique.
Selon lui, faute de temps pour relayer l’information, les manifestants n’avaient pas été prévenus de l’interdiction de la manifestation, ce qui a donné lieu à des scènes de confusion. « Les forces de l’ordre ont commencé par lancer des gaz lacrymogènes et certaines personnes leur ont répondu avec des jets de pierres. Nous avons rapidement calmé la situation et décalé la date de la manifestation » a assuré Maikoul Zodi.
« Ce n’est pas la première fois qu’une manifestation d’opposition au gouvernement est annulée, mais pourquoi nous prévenir aussi tard à part pour nous mettre au pied du mur ? » s’est-il encore interrogé. En janvier, les autorités municipales avaient interdit par un arrêté toute manifestation de rue durant « les jours ouvrables ».
Les autorités veulent imposer la pensée unique au Niger
Le militant, également président du Mouvement des jeunes républicains, est l’un des cinq dirigeants de la société civile ayant déposé plainte contre X avec constitution de partie civile, le 30 mars dernier, dans l’affaire dite de l’UraniumGate. Quelques jours plus tard, le 5 avril, il avait été arrêté à son domicile et placé en détention pendant deux semaines pour des raisons floues.
L’interdiction de cette manifestation est, selon lui, un nouveau signal de la part de la gouvernement : « Les autorités veulent imposer la pensée unique au Niger, mais nous continuerons à faire valoir nos revendications pour l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation et contre la corruption ».
En décembre 2016 et février 2017, des manifestations avaient déjà été organisées à Niamey par la société civile contre le gouvernement du président Mahamadou Issoufou et la vie chère. Les partisans du régime avaient organisé en réponse une grande manifestation de soutien au président début janvier.
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