Libye : faut-il intervenir militairement ?

Si une opération militaire n’est pas du tout d’actualité, certains, notamment la France, s’y préparent déjà.

Du matériel militaire brûle, à Wershefana, le 23 septembre 2014. © MAHMUD TURKIA / AFP

Du matériel militaire brûle, à Wershefana, le 23 septembre 2014. © MAHMUD TURKIA / AFP

Publié le 26 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

L’entourage de Jean-Yves Le Drian ne cesse de le répéter : "Le temps n’est pas venu de lancer une opération militaire en Libye. Il y a plusieurs dynamiques à construire : politique, régionale et internationale, militaire. Pour l’instant, nous tentons de convaincre la communauté internationale de s’emparer de la question."

Deux certitudes : les militaires français pensent qu’il faudra bien intervenir un jour et se préparent en conséquence, même si l’on assure à Paris qu’il n’existe pour l’heure aucun plan d’attaque ; et la France, si elle doit intervenir, ne le fera pas seule. Elle n’en a ni l’intention ni les moyens, malgré le dispositif Barkhane qui quadrille le Sahel et qui disposera, à terme, de plusieurs bases près de la frontière libyenne (à Madama, au Niger ; à Zouar et à Faya, au Tchad).

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"On ne fera pas comme Harmattan mais comme Serval"

Les États-Unis (qui disposeront bientôt d’une base de drones à Dirkou, au Niger, à 400 km de la Libye) et le Royaume-Uni, les deux pays les mieux renseignés dans la région, sont conscients des enjeux. Mais ils ont une autre priorité : l’État islamique (EI). En Europe, les Italiens sont également inquiets. "Ils savent que la vague d’immigration qu’ils subissent depuis quelques mois est directement liée au chaos libyen", indique-t-on à Paris.

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Les pays de la sous-région, qui craignent (ou subissent déjà) les répercussions du chaos libyen, sont plus va-t-en-guerre. Cela fait des mois que le Niger et le Tchad appellent de leurs voeux une intervention, à condition qu’elle soit cette fois suivie d’un "service après-vente" et qu’elle ne soit pas simplement un remake de l’opération Harmattan, qui, en 2011, s’était conclue par la chute de Kadhafi. C’est aussi l’avis de la France : "On ne fera pas comme Harmattan, mais comme Serval, avec un suivi du processus politique."

Si en Tunisie les avis divergent, l’Égypte et les Émirats arabes unis, eux, sont tout disposés à agir.

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Si en Tunisie les avis divergent, l’Égypte et les Émirats arabes unis, eux, sont tout disposés à agir. Voilà des mois que Le Caire et Abou Dhabi soutiennent vraisemblablement le général Haftar dans sa lutte contre les islamistes en Cyrénaïque, y compris par des raids aériens. Reste l’Algérie, qui enverrait régulièrement des forces spéciales en Libye (comme les États-Unis et la France). Si elle redoute de voir son voisin tomber entre les mains des jihadistes, elle craint tout autant que ces derniers, en cas d’intervention, se replient sur son territoire. Pour l’heure, les militaires algériens ne veulent pas d’une guerre.

Quant aux Libyens, ils se disent, par la voix de leur ancien chef de la diplomatie Mohamed Abdelaziz et de leur Parlement, "fermement opposés" à des opérations étrangères sur leur sol. Du côté des diplomates chargés du dossier libyen, on soutient l’initiative de l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Bernardino León, qui prône une solution politique.

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>> Lire aussi l’interview d’Ali Shoaied Emhemed : "Non à une intervention armée étrangère en Libye"

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