Démographie : si la Tunisie m’était comptée

Exode rural massif, baisse de la natalité, réduction de la taille des familles, boom de l’immobilier… Le recensement va-t-il orienter l’action du prochain gouvernement tunisien ?

La taille des familles a réduit : 4,05 personnes contre 5,15 en 1994. © FETHI BELAID / AFP

La taille des familles a réduit : 4,05 personnes contre 5,15 en 1994. © FETHI BELAID / AFP

Publié le 29 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

La Tunisie n’est plus ce petit dragon d’Afrique vanté durant les années Ben Ali. En 2011 déjà, le Programme des nations unies pour le développement (Pnud) avait cité deux chiffres chocs : les taux d’analphabétisme (20 %) et de pauvreté (25 %). Aujourd’hui, les résultats du recensement de la population, réalisé en mai (pour un coût de 14 millions d’euros), confirment que le pays n’est pas sur une bonne pente.

En matière d’équilibres régionaux d’abord : les campagnes du Nord-Ouest et du Sud se vident au profit des côtes et des grands centres urbains. À elle seule, l’agglomération du Grand Tunis abrite 25 % des 10 982 754 habitants que compte la Tunisie, soit presque 10 % de plus qu’en 2004. Conséquence de cet exode rural massif, les quartiers populaires situés autour de la capitale sont ceux où la croissance démographique est le plus forte (3,16 % dans le gouvernorat de l’Ariana, 2,25 % dans celui de Ben Arous).

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Émergence d’une classe moyenne

En matière de financement des retraites, le fléchissement des naissances (1,03 % entre 2004 et 2014, contre 1,21 % durant la décennie précédente) devrait aussi poser problème dans l’avenir. Autre point faible, l’éducation : sur les 2 millions d’élèves recensés, 107 000 ont abandonné leurs études en 2013, selon la Fédération tunisienne des droits économiques et sociaux.

Par ailleurs, le fait que les femmes soient plus nombreuses que les hommes (50,2 %, contre 49,8 %) est une donnée largement exploitée par certains partis conservateurs, qui militent pour le mariage des célibataires, à contre-courant d’une tendance de fond : la réduction de la taille des familles (4,05 personnes, contre 5,15 en 1994).

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Enfin, l’émergence d’une classe moyenne a provoqué un boom de l’immobilier (la Tunisie compte plus de 3,2 millions de logements). Si cette bulle n’a pas explosé jusqu’ici, c’est grâce à la présence de très nombreux résidents étrangers, essentiellement Libyens.

Selon Noureddine Zekri, secrétaire d’État au Développement et à la Coopération internationale, toutes ces données seront utiles au prochain gouvernement pour "adapter son programme aux nouvelles priorités du pays dans le cadre d’un nouveau modèle économique". Gros chantier en perspective.

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