Égypte : du Qatar à la Turquie, les Frères musulmans en galère
Qui accueillera les leaders de la confrérie islamiste égyptienne ? Le Qatar les a lâchés. In extremis, la Turquie leur tend la main.
L’étau se resserre sur les Frères musulmans égyptiens. Le Qatar a récemment prié les leaders de la confrérie qui y avaient trouvé refuge de quitter le pays. "Certaines figures du mouvement ont accepté de le faire", a confirmé, le 13 septembre, Amr Darrag, l’un des cadres du Parti de la liberté et de la justice (organe politique de l’organisation).
Ancien ministre de la Coopération internationale sous la présidence de Mohamed Morsi, il a dû faire sa valise, tout comme Mahmoud Hussein, le secrétaire général du mouvement. Sept dirigeants ont déjà quitté le pays. Au total, 70 personnes pourraient être concernées.
La proximité du Qatar avec la confrérie s’était renforcée après la destitution du président Morsi, en juillet 2013. L’influent cheikh Youssef al-Qaradawi aurait alors joué un rôle clé dans l’élaboration d’une politique d’asile favorable à ses "Frères".
Un soutien ostensible aujourd’hui devenu trop lourd à assumer, le petit émirat gazier du Golfe subissant de fortes pressions de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Ces deux grands voisins, comme leur allié égyptien, classent les Frères musulmans parmi les organisations terroristes et accusent le Qatar de menacer leur sécurité.
Au début de l’année, les trois pays ont rappelé leur ambassadeur à Doha. Récemment, une délégation des puissants États du Conseil de coopération du Golfe s’y est rendue pour exiger des Qataris qu’ils prennent leurs distances avec la confrérie islamiste, condition préalable à la fin de la crise.
>> Lire aussi : la grande débacle des frères musulmans
Des demandes d’asile des Frères musulmans
L’axe Riyad-Abou Dhabi-Le Caire a également fait pression sur le Royaume-Uni, où les Frères possèdent des bureaux, dans le quartier londonien de Cricklewood. Afin d’éviter que les évincés de Doha ne s’y retrouvent, les trois pays arabes ont saisi les services britanniques, leur soumettant des preuves de l’implication de l’organisation dans des activités criminelles et terroristes.
C’est face à leur insistance qu’en avril le Premier ministre David Cameron aurait chargé Sir John Jenkins, ambassadeur du Royaume-Uni à Riyad, de mener l’enquête. Selon le Daily Telegraph, son rapport conclut en effet qu’"une partie de l’activité du mouvement s’apparente à de la complicité avec des groupes armés et des extrémistes au Moyen-Orient et ailleurs".
Dans la tourmente, les militants islamistes pourraient trouver refuge dans la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Le 15 septembre, dans l’avion qui le ramenait d’un voyage officiel à Doha, le président a affirmé devant les journalistes que les demandes d’asile des Frères musulmans seraient examinées et, "à condition qu’il n’y ait aucun obstacle à leur entrée", accordées. Le jour même, Amr Darrag débarquait en Turquie.
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