Africans Rising : quand les panafricains se lèvent
Fondé en Afrique du Sud, le tout jeune collectif panafricain Africans Rising se lance officiellement lors de la Journée mondiale de l’Afrique, ce 25 mai.
À cette date, tous les membres et sympathisants du mouvement sont appelés à organiser des célébrations et à porter une pièce de tissu rouge. Voici tout ce qu’il faut savoir sur Africans Rising, son initiateur, ses actions et ses objectifs.
- Qu’est-ce que Africans Rising ?
Les origines de Africans Rising se trouvent à Arusha, en Tanzanie, à 100 km du mont Kilimandjaro. En août 2016, 272 Africains de tout le continent, appartenant à des associations, à des ONG, ou des intellectuels et de simples citoyens venus en leur nom propre, s’y sont retrouvés pour discuter d’une grande question : comment faire avancer l’Afrique ?
De leur réflexion est née un mouvement panafricain sur la base d’une liste de valeurs et de droits fondamentaux connue sous le nom de Déclaration du Kilimanjaro. Aujourd’hui, celle-ci compte environ 5 000 signatures, selon Kumi Naidoo, l’initiateur du mouvement. « Africans Rising est un mouvement social, décentralisé et conduit par les citoyens », dit-il. « Un mouvement panafricain par nature ».
Jusqu’ici, le mouvement a été financé par les organisations et les individus qui le composent. Mais après son lancement officiel, le 25 mai, ses initiateurs veulent lancer un plan plus audacieux : « Nous souhaitons qu’un million d’Africains donnent un dollar (américain) par mois, ce qui ferait 12 millions de dollars par an et ce serait suffisant pour financer le mouvement, » explique Kumi Naidoo. « En plus, nous ne serions financés que par des Africains ! »
- Qui est Kumi Naidoo ?
La nature militante de Kumi Naidoo s’est exprimée dès 1981, alors qu’il n’avait que 15 ans, dans son pays de naissance, l’Afrique du Sud, après qu’il a été expulsé de son lycée pour avoir fait partie de manifestations contre l’apartheid. Son militantisme l’amène à s’exiler en 1987 au Royaume-Uni où il a passe un doctorat en philosophie. Mais c’est surtout en tant que directeur exécutif international de Greenpeace qu’il s’est fait connaître au niveau international, notamment en occupant une plateforme de gaz de Gazprom, dans la Mer de Pechora, à l’extrême nord de la Russie, en zone arctique.
Il dirige désormais le lancement du mouvement Africans Rising jusqu’au 25 mai, date à laquelle Mohamed Lamin deviendra le coordinateur du mouvement. Ce défenseur des droits humains, ancien secrétaire général de la section gambienne de Amnesty International, est connu pour son opposition à l’ancien président Yahya Jammeh.
- Qu’est-il prévu pour le 25 mai ?
La date du 25 mai, connue comme la Journée mondiale de l’Afrique ou la Journée de libération de l’Afrique, a été choisie comme la date du lancement officiel du mouvement. C’est un jour qui devrait être « plébiscité par les Africains », estime Kumi Naidoo, car il marque la commémoration annuelle de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), en 1963, après la libération de 17 pays africains du pouvoir colonial durant les 5 années précédentes. L’OUA, créée à Addis-Abeba par 32 pays africains, avait pour objectif, entre autres, de « renforcer l’unité et la solidarité des États africains », ce dont s’inspire fortement « Africans Rising », un mouvement « pour la paix, la justice et la dignité ».
Nous sommes une Afrique unifiée. Nous sommes des Africains qui se levons pour la justice, la paix et la dignité
Lors de cette journée du 25 mai, tous les Africains sont ainsi invités à s’élever contre les injustices qui enchaînent l’Afrique, notamment en organisant à travers le continent des événements, aussi symboliques soient-ils, au niveau des organisations locales ou individuel. Deux « actions » sont déjà prévues par les militants.
La première se passera à midi où des participants se rassembleront ensemble, chacun avec un morceau de tissu rouge porté sur le corps, pour lire la Déclaration du Kilimandjaro, en finissant par ces paroles : « Nous sommes une Afrique unifiée. Nous sommes des Africains qui se levons pour la justice, la paix et la dignité. »
La deuxième aura lieu le soir, où les participants tiendront la même petite cérémonie mais avec les bougies comme source de la lumière – un symbole de solidarité avec ceux qui n’ont pas l’électricité. Ces paroles doivent montrer que « nous sommes prêts à l’action, à tenir pour responsable nos leaders dans les secteurs du business et de la politique et redynamiser la lutte pour une vie meilleure pour tous », assure Kumi Naidoo.
- Quel type d’actions veut mener le mouvement par la suite ?
Depuis sa naissance en août 2016, le mouvement s’est penché au début de l’année sur la crise en Gambie, pendant laquelle le président Yahya Jammeh ne voulait pas céder le pouvoir à Adama Barrow, le président élu à la fin de 2016. Pendant cette crise, Africans Rising a envoyé une délégation pour rencontrer les mouvements civils, traditionnels et religieux du pays afin de créer un dialogue et réaliser un rapport dit « de solidarité » qui a été envoyé à la coalition d’opposition et à Yahya Jammeh lui-même.
Le militants ont également envoyé une délégation au Cameroun au sujet de la crise anglophone qui perdure dans le Nord du pays. Cette délégation avait pour but d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les causes du blocage. « Nous avons dépensé beaucoup d’énergie pour cette mission, avoue Naidoo, mais nous n’avons pas atteint les objectifs que nous avons visés ».
A la suite de son lancement, Africans Rising va lancer un appel public à candidatures pour les postes du comité permanent : « Les gens pourront postuler en ligne sur le site web de Africans Rising », précise Kumi Naidoo. Est également programmé « un programme d’activistes en résidence », qui aura lieu à Arusha en Tanzanie, où les activistes se formeront notamment aux techniques de communication. « Et nous prévoyons de continuer les missions de solidarité à travers le continent, comme celles en Gambie et au Cameroun », ajoute Kumi Naidoo.
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