Archive of Malian Photography : un site web pour la préservation du patrimoine photographique malien

Officiellement lancé jeudi 11 mai, le site du projet Archive of Malian Photography a pour objectif de préserver, de numériser et de diffuser le travail de cinq photographes maliens.

Le site Archive of Malian Photography veut restaurer, cataloguer, numériser près de 100 000 clichés de cinq photographes maliens. © Archive of Malian Photography

Le site Archive of Malian Photography veut restaurer, cataloguer, numériser près de 100 000 clichés de cinq photographes maliens. © Archive of Malian Photography

Publié le 18 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Moins connu que ses compatriotes Seydou Keïta ou Malick Sidibé, le malien Abdourahmane Sakaly, fut, durant les années 1960 et 1970, l’un des photographes les plus prolifiques de Bamako. Beaucoup de portraits portent sa marque et témoignent des courants culturels et sociaux maliens de l’époque. Aujourd’hui, son fils – Youssouf Sakaly – est le chef du projet Archive of Malian Photography. L’objectif est de réunir sur un site web les clichés de cinq photographes maliens : Abdourahmane Sakaly mais aussi Mamadou Cissé, Adama Kouyaté, Malick Sidibé et Tijani Sitou.

Restauration des clichés

Les conditions climatiques, le vol et les intempéries ont rendu la sauvegarde des archives de ces photographes très difficile. Ainsi le premier objectif du projet est de restaurer les négatifs endommagés, en nettoyant d’abord les poussières à la surface puis les tâches d’eau ou d’huile et les imperfections plus persistantes avec du solvant léger ou de l’alcool dilué. Il s’agit ensuite d’assurer des meilleures conditions de conservation et de diffuser ces clichés méconnus.

Certains clichés très endommagés font l'objet d'une restauration minutieuse. © Archive of Malian Photography

Certains clichés très endommagés font l'objet d'une restauration minutieuse. © Archive of Malian Photography

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Inauguré le 11 mai, le site, d’abord destiné à la recherche et l’éducation, a pour ambition de réunir près de 100 000 clichés. Les membres de l’équipe ont d’abord sélectionné les photographes en fonction de la période  choisie (début des années 1950 – années 1990), de leur renommée mais aussi de l’accessibilité des négatifs. En effet des archives comme celles des photographes Mountaga Dembélé, Baru Koné, Youssouf Traoré, ou encore Samba Bâ sont supposées en grande partie ou totalement disparues explique le site.

À l’intérieur même des collections, les clichés ont fait l’objet de tri. Sur les 300 000 photos d’Abdourahmane Sakaly conservées par sa famille, 50 000 ont été reconditionnées et numérisées et 25 000 sont actuellement sur le site. Chaque photo est cataloguée et légendée en français puis en anglais à l’aide des proches de la famille ou des responsables des archives.

Protection de la propriété intellectuelle et des ayant-droits

Le projet est né du travail du docteur Keller, professeure à l’Université du Michigan. Ses recherches sur l’histoire de la photographie malienne lui avaient déjà permis d’établir des contacts avec plus de cent photographes. Deux phases de financement se sont ensuite succédé : d’abord le programme des archives en danger de la « British Library », la bibliothèque nationale du Royaume-Uni, en 2011 et puis le programme de préservation et d’accès de la « National Endowment for the Humanities (NEH)», une agence gouvernementale américaine, en 2014.

Outre l’objectif de remise en condition des archives, Youssouf Sakay insiste aussi sur la collaboration avec les familles. Pour chaque photographe, un proche collaborateur ou un descendant était associé au travail. Le site assure que les négatifs ne quittent pas le Mali et que les familles repartent avec les négatifs chez eux ainsi que la version numérisée.

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Une démarche à objectif double : apprendre aux familles à mieux contrôler la distribution de ces photos et protéger ces dernières contre le pillage. «  Aujourd’hui, il y a une ou deux agences qui se sont accaparés ce fond photographique. Cela leur permet de le valoriser mais on estime qu’elles sont en train de s’enrichir sur le dos des familles », affirme Youssouf Sakaly. Pour son projet, chaque droit d’auteur a été négocié avec les responsables des collections. Le téléchargement des photos en basse qualité est possible gratuitement sous la licence Creative Commons avec attribution, sans modification et sans but commercial (CC BY-NC-SA 4.0 international). Sinon une autorisation tarifée est requise. Enfin, une copie de toutes les photos a été transmise à la Maison africaine de la photographie (MAP) à Bamako afin de favoriser leur diffusion et de les rendre plus accessible.

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