Ouganda : le président Yoweri Museveni dénonce le recours à la torture

Le président ougandais Yoweri Museveni a dénoncé ce mardi le recours à la torture, dans une lettre adressée aux chefs de la police et des services de sécurité.

Yoweri Museveni le 20 septembre 2016 lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. © AP/Sipa/Frank Franklin

Yoweri Museveni le 20 septembre 2016 lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. © AP/Sipa/Frank Franklin

Publié le 16 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

« L’usage de la torture est inutile et mauvais, et si, comme certains groupes l’ont prétendu dans les médias, elle a été utilisée, alors elle ne doit plus l’être », écrit le président ougandais dans une missive adressée aux chefs de la police et des services de sécurité du pays. Elle fait suite à la multiplication des accusations de torture visant les forces de l’ordre ces dernières semaines.

Cette pratique pourrait être appliquée à « la mauvaise personne, à quelqu’un qui est complètement innocent, ce qui serait très injuste », justifie Yoweri Museveni, qui dirige l’Ouganda d’une main de fer depuis 1986, dans cette lettre publiée par la présidence le mardi 16 mai.

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« Quelqu’un pourrait admettre être coupable quand il est innocent, pour qu’on lui épargne la torture », remarque-t-il, ajoutant que les « confessions de criminels ne sont parfois pas nécessaires », car les techniques modernes de la police scientifique et les témoignages peuvent suffire à les confondre.

Les accusations de Human Rights Watch

En réponse à la lettre du président Museveni, Maria Burnett, la directrice Afrique de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), a regretté sur Twitter « qu’il ne demande pas d’enquête, ou à ce que les gens ayant eu recours à la torture rende des comptes », comme « il aurait dû le faire ».

HRW affirme depuis longtemps que des personnes détenues dans des prisons ougandaises ont été soumises à la torture. Dans un rapport publié en 2009, intitulé Open secret, l’ONG écrivait même que « la torture et la détention illégale prolongée restent parmi les violations des droits de l’Homme les plus répétées et les plus problématiques en Ouganda ».

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Meurtre du porte-parole de la police

Yoweri Museveni répondait à des accusations récentes formulées par plusieurs personnes, dont un maire, ayant été détenues à la prison de Nalufenya, à 80 kilomètres de la capitale Kampala.

Des photos de Geoffrey Byamukama, le maire de la ville de Kamwenge, dans l’ouest du pays, à l’hôpital avec d’effroyables blessures aux jambes et au dos, ont suscité l’indignation de nombreux Ougandais quand elles ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux la semaine dernière.

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Geoffrey Byamukama a affirmé qu’elles lui avaient été infligées par la police, qui l’interrogeait sur son implication présumée dans le meurtre en mars du porte-parole de la police ougandaise, Andrew Kaweesi.

La police a par ailleurs annoncé l’ouverture d’une enquête et l’arrestation des policiers soupçonnés d’avoir torturé l’édile :

Treize autres hommes ont été inculpés en lien avec ce meurtre. Certains d’entre eux ont exhibé des blessures dont ils prétendent qu’elles sont dues à des tortures policières, lors de leur comparution devant un tribunal le 5 mai.

L’un d’eux, Ahmad Senfuka Shaban, un enseignant de 30 ans, a déclaré à ses proches que la police l’avait arrosé d’eau bouillante et d’acide, et lui avait passé du courant électrique sur les parties génitales.

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