Quand les jeunes entrepreneurs algériens se tournent vers l’Afrique

À la recherche de croissance, les entreprises algériennes, et tout particulièrement celles qui sont dirigées par de jeunes patrons, redoublent d’intérêt pour l’Afrique subsaharienne. Mais leurs ambitions se heurtent encore à une réglementation restrictive.

Dans l’usine de boissons fruitées NCA Rouiba à Alger, en Algérie, en 2013. © Louiza AMMI pour Jeune Afrique

Dans l’usine de boissons fruitées NCA Rouiba à Alger, en Algérie, en 2013. © Louiza AMMI pour Jeune Afrique

Publié le 19 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

« La plus grande partie de notre réflexion sur notre stratégie de développement porte sur l’Afrique », explique Sami Agli, 39 ans. Comme de nombreux jeunes entrepreneurs algériens, le directeur général du groupe Agli, actif dans des secteurs aussi divers que l’immobilier et l’agroalimentaire, regarde vers le Sud. Le groupe familial, implanté à Biskra, est en discussion avancée avec des homologues africains pour exporter sa production de biscuiterie vers le Bénin, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

« Il est plus facile pour une société algérienne d’investir en Afrique qu’en Asie ou en Europe », estime celui qui figure à la 78e position du classement Choiseul des 100 leaders économiques africains de moins de 40 ans, paru en octobre 2016.

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Tisser des liens avec des partenaires africains

Pour concrétiser ses ambitions africaines, le chargé de recrutement à JIL FCE, le forum des patrons algériens de moins de 40 ans, a œuvré activement à l’organisation de la 5e édition du sommet Choiseul à Alger, qui s’est tenu les 14 et 15 mai dernier. À cette occasion, plus de 150 chefs d’entreprise africains de plusieurs secteurs, originaires de 36 pays, ont rencontré et échangé avec quelques 200 entrepreneurs algériens.

Un « moment important » selon Sahbi Othmani, coorganisateur de l’événement. « Ce type de rencontres prestigieuses permet d’une part de faire la promotion de l’Algérie et d’autre part de tisser des liens avec de futurs partenaires africains », explique le directeur général des Nouvelles Conserveries Algériennes (NCA) de Rouiba, un fabricant de boissons fruitées, qui figure à la 6e place du classement 2016 du think-tank libéral.

Le sommet Choiseul est la deuxième rencontre d’envergure continentale organisée dans la capitale algérienne en l’espace de six mois. Pour rappel, des chefs d’entreprise et des dirigeants du continent s’étaient déjà déplacés pour participer au premier forum africain d’investissement et d’affaires, qui s’est déroulé, début décembre, à Alger.

Aller chercher de la croissance hors des frontières

Avec l’érosion de la manne pétrolière, les autorités algériennes ne ménagent pas leurs efforts pour attirer des investisseurs africains. En marge du sommet Choiseul, Sahbi Othmani encourage ses comparses à s’impliquer dans le rapprochement de l’Algérie avec l’Afrique subsaharienne.

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« C’est aussi notre rôle en tant que jeunes entrepreneurs de porter haut l’image de notre pays et d’ouvrir nos portes à nos amis africains. On ne peut pas rester un acteur fort en restant en autarcie. Pour trouver de la croissance, il est nécessaire de sortir de nos frontières », lance le leader national de la production de boissons fruitées, qui revendique 90% des parts du marché carton.

Pour trouver de la croissance, il est nécessaire de sortir de nos frontières

Lui aussi rêve de devenir un champion panafricain. Déjà présent en Tunisie et au Maroc, NCA-Rouiba a signé un accord avec le gouvernement du Bénin en octobre 2014 pour la gestion d’unités de production, situées près du port de Cotonou. Mais depuis près de trois ans, le projet est au point mort. « On attend toujours le feu vert de la Banque d’Algérie », déplore Sahbi Othmani.

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Entré en vigueur un mois après l’accord entre NCA-Rouiba et le Bénin, le nouveau règlement de la Banque d’Algérie, qui régit les opérations d’investissement des opérateurs économiques algériens à l’étranger, a conservé un certain nombre de conditions restrictives.

« Il ne faut pas perdre patience »

Les jeunes entrepreneurs algériens ne baissent pas les bras. En attendant une réforme de la législation en matière de change, ils réfléchissent à d’autres solutions.

« Il faudrait établir un statut particulier pour les entreprises algériennes à vocation internationale. Ces sociétés vont un jour rapatrier des dividendes de leurs investissements à l’étranger et cela bénéficiera à l’Algérie. Il faut permettre aux acteurs qui jouent le jeu de l’internationalisation dans la transparence d’être efficaces dans leurs implantations à l’étranger », estime ainsi Mohamed Skander, président de JIL FCE et fondateur du cabinet de conseil BH Advisory.

Maintenant qu’on a découvert la Mauritanie, on a envie de tenter l’expérience malienne et nigérienne.

Un an après avoir ouvert une filiale à Nouakchott, le chef d’entreprise de 36 ans envisage une expansion dans la région Sahel. « Maintenant qu’on a découvert la Mauritanie, on a envie de tenter l’expérience malienne et nigérienne. »

Sahbi Othmani reste aussi optimiste : « Ces difficultés vont se diluer avec le temps. Il ne faut juste pas que les jeunes entrepreneurs algériens perdent patience. »

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