Ebola et la RDC, une si longue histoire
Durant les quatre dernières décennies, le virus Ebola a frappé huit fois la RDC. La dernière épidémie en date, signalée le 11 mai, est en cours et a déjà fait au moins trois morts. Elle serait en voie d’être maîtrisée, selon l’Institut national de recherche biomédicale. En attendant, remontons le temps.
Publié le 2 juin 2017 Lecture : 3 minutes.
1976 – Découverte du virus Ebola, sous-type Zaïre
Le virus tient son nom de la rivière qui longe le village de Yambuku où il sévit pour la première fois en 1976. « On ne connaissait pas cette maladie. C’était mystérieux», se souvient le professeur Jean-Jacques Muyembe, premier chercheur à se rendre sur le terrain. Après quelques diagnostics sur place, ce spécialiste décide de ramener une malade – une religieuse belge – à Kinshasa. Elle ne survivra pas.
Des échantillons de sang des malades sont alors envoyés à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, en Belgique. C’est là-bas que Peter Piot, un jeune médecin belge (il n’avait que 27 ans) identifie, pour la première fois, le virus de la fièvre Ebola. L’épidémie fait 280 morts.
1977 – Réapparition du virus
L’année suivant sa découverte, Ebola se signale de nouveau en RDC. Cette fois-ci, l’épidémie est vite maîtrisée à Tandala, à quelque 500 km de Yambuku. Seul un adolescent affecté est décédé. « Les mesures d’isolement étaient rapidement mises en place pour éviter la propagation du virus », indique Jean-Jacques Muyembe.
1995 – Première occurrence d’Ebola en milieu urbain
Jusqu’ici, Ebola ne sévissait que dans des villages reculés du pays. En 1995, le virus touche, pour la première fois, un grand centre urbain. La ville de Kikwit, située dans l’ouest de la RDC, et ses environs sont ainsi frappés de plein fouet par l’épidémie.
2007 – Ebola touche le centre de la RDC
Après Yambuku et Bandala, dans le Nord, et la ville de Kikwit, dans l’Ouest, le virus Ebola gagne le territoire de Mweka, dans le centre de la RDC. Là-bas, la fièvre hémorragique atteint 264 personnes et fait 187 morts.
2008 – 2009. Réapparition du virus dans le Centre
« Ebola est endémique et ancré dans notre pays », explique le professeur Jean-Jacques Muyembe pour justifier les récurrences de l’épidémie en RDC. Le virus réapparaît ainsi dès l’année suivante à Mweka, dans le Kasaï occidental, et sévit également dans le territoire voisin de Lwebo. Détectée à temps, la fièvre hémorragique fait toutefois 15 morts.
2012 – Ebola Bundibugyo débarque en RDC
Cinq ans après sa découverte à Bundibugyo, dans le sud-ouest de l’Ouganda, une nouvelle souche du virus Ebola (sous-type Bundibugyo) se signale à Isiro, dans le nord-est de la RDC. Sur 36 cas diagnostiqués positifs, l’on enregistre 13 décès.
2014 – Ebola ici et ailleurs
Alors qu’Ebola fait des ravages en Afrique de l’Ouest où il cause la mort de milliers de personnes, le virus sévit de nouveau en RDC. Mais il est vite maîtrisé : 66 cas, 49 morts en trois mois. « Il n’y avait aucun lien avec l’épidémie qui frappait la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia ou le Mali », rappelle Muyembe.
Directeur de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), ce chercheur congolais fait partie de l’équipe des spécialistes congolais dépêchés en Afrique de l’Ouest pour participer à la lutte contre Ebola. Il sera honoré l’année suivante par le Prix Christophe Mérieux pour « encourager ses travaux de recherche sur les maladies infectieuses dans le bassin du Congo », notamment Ebola qui a déjà fait plus de 700 morts en RDC depuis la première épidémie de 1976.
Passez la souris sur les barres pour comparer les cas et les morts enregistrés entre 1976 et 2017.
2017 – Huitième fois en 41 ans !
Le 11 mai, l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) de la RDC confirme au gouvernement congolais un cas positif au virus Ebola. Le patient est mort dès son arrivée à l’hôpital. Même sort pour le chauffeur de taxi-moto qui l’a transporté jusqu’au centre de prise en charge médicale. L’épidémie a fait depuis quatre morts. Mais, « grâce à l’expertise de la RDC dans la surveillance épidémiologique, Ebola est déjà sous contrôle », estime le professeur Jean-Jacques Muyembe. Explications du chercheur dans l’enregistrement ci-dessous :