Effondrement d’une église à Lagos : 5 questions sur un drame
Un nouveau bilan a porté à 115 le nombre de victimes de l’effondrement d’un immeuble appartenant à l’église évangélique Church of All Nations. La tragédie est entourée de nombreux mystères et annonce une belle polémique.
Le drame est survenu le 12 septembre à Lagos, capitale économique du Nigeria, quand l’immeuble de la "Church of all Nations" s’est effondré. D’une petite vingtaine, le bilan des victimes s’est vite alourdi. Mais le 22 septembre, Jeff Radebe, ministre à la présidence sud-africaine, en charge de la catastrophe, déplorait 115 morts, dont une majorité de ses concitoyens.
Réponse à 5 questions sur une tragédie qui suscite l’émoi au Nigéria et en Afrique du Sud.
• Pourquoi le nombre de victimes continue-t-il d’augmenter depuis le drame survenu le 12 septembre ?
Trois bilans ont été publiés depuis l’accident. De 17 à l’annonce de l’effondrement, le bilan est monté dix jours plus tard à 115 morts. Les recherches se poursuivent en ce moment pour extraire des décombres le corps des victimes, ce qui pourrait faire évoluer encore le décompte. La semaine dernière, Ibrahim Farinloye, coordinateur régional de l’Agence nationale de gestion des situations d’urgence (Nema) se plaignait du manque de collaboration des responsables de la "Church of All Nations", réticents à communiquer le nombre exact de personnes se trouvant dans le bâtiment au moment du drame.
L’édifice servait d’auberge pour des centaines de fidèles de l’église de TB Joshua, notamment des étrangers.
• Qui est TB Joshua ?
Temitope Balogun Joshua est l’un des pasteurs évangéliques les plus célèbres du Nigeria. Désigné en 2011 par le magazine Forbes comme l’un des cinq pasteurs les plus riches du pays, il serait à la tête d’une fortune estimée à plus de 16 millions de dollars. TB Joshua (51 ans) se vante d’avoir pour fidèles des chefs d’États, ainsi que de solides amitiés à la tête du pays. Ses détracteurs craignent justement qu’il se serve de ses relations pour échapper à d’éventuelles poursuites dans le cadre de cette affaire.
>> Lire aussi: Nigeria: TB Joshua, le sulfureux prédicateur "faiseur de miracles"
• La "Church of All Nations" peut-elle être tenue pour responsable de l’accident ?
Selon le porte-parole des secours, l’immeuble était en chantier au moment du drame. On évoque la construction d’étages supplémentaires en vue d’accueillir les fidèles étrangers toujours plus nombreux. Les enquêteurs soupçonnent la non-conformité des fondations du bâtiment comme étant la cause de l’effondrement. Si cette hypothèse se confirmait, TB Joshua devra faire face à la justice nigériane pour homicide involontaire et/ou mise en danger de la vie d’autrui.
La "Church of All Nations", elle, explique l’accident par le survol du site par un avion à très basse altitude. L’immeuble se situe en effet dans le quartier d’Ikotun, à proximité de l’aéroport de Lagos. TB Joshua tenterait de faire passer dans la presse une bande audio du bruit de l’avion qui aurait provoqué l’éffondrement. L’affaire a été révélée le 22 semptembre par un journaliste, Nicholas Ibekwe, qui affirme avoir refusé les 250 euros proposés par le pasteur.
Une hypothèse faisant état d’une possible attaque de Boko Haram avait été évoquée dans un premier temps par le pasteur TB Joshua, mais a rapidement été écartée.
• Les autorités nigérianes ont-elles réagi suffisamment rapidement ?
Ce n’est que le 20 septembre, soit plus d’une semaine après la catastrophe, que le président nigérian Goodluck Jonathan s’est rendu sur les lieux du drame. À cette occasion, il a présenté ses condoléances aux familles éplorées et promis l’ouverture prochaine d’une enquête sur l’origine de l’accident.
La presse sud-africaine a critiqué cette démarche tardive du président Jonathan. Ce dernier a déclaré lors de son déplacement sur les lieux, avoir présenté ses condoléances à son homologue Jacob Zuma. Les autorités nigérianes se défendent également de pointer ouvertement la responsabilité de TB Joshua, ce qui fait grincer des dents du côté de Pretoria.
• Pourquoi le gouvernement sud-africain est-il concerné ?
Sur les 115 victimes annoncées par le ministre sud-africain Jeff Radebe, 84 serait originaires de la nation arc-en-ciel. Selon les autorités, 350 Sud-Africains se trouvaient dans l’immeuble, ce qui justifie la prise en main du dossier par Pretoria.
Le 16 septembre, Jacob Zuma avançait le chiffre de 67 compatriotes décédés, au moment où le bilan officiel nigérian ne faisait état que de 62 morts. Le principal parti d’opposition sud-africain, l’Alliance démocratique, a appelé dimanche le gouvernement à poursuivre le prêcheur et son Église. Cette affaire dépasse désormais le simple cadre nigérian.
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