RD Congo : Financement bouclé pour la cimenterie de Lucky Cement et de Rawji

Un groupe de bailleurs, dont la Banque africaine de développement et la Société financière internationale, prête 135 millions de dollars pour la construction d’une cimenterie de 1,2 million de tonnes dans la province du Bas-Congo. Les deux actionnaires du projet, le pakistanais Lucky Cement et le groupe Rawji, apporteront le solde, soit environ 170 millions de dollars.

Une cimenterie de Lucky Cement au Pakistan. © Lucky Cement

Une cimenterie de Lucky Cement au Pakistan. © Lucky Cement

Publié le 17 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Pour la RD Congo, c’est une étape majeure dans le développement d’une production cimentière à la hauteur de la demande. Le projet de construction d’une cimenterie d’une capacité de 1,2 millions de tonnes par an et d’exploitation de carrières de calcaire et d’argile par la société Nyumba Ya Akiba a bouclé ses financements.

Ce projet de 300 millions de dollars, situé à Songololo dans la province du Bas-Congo (à environ 250 km de Kinshasa sur la route nationale reliant la capitale à Matadi), a reçu le soutien de la Banque africaine de développement (60 millions de dollars), de la Société financière internationale (IFC, 30 millions), du fonds Emerging Africa Infrastructure Fund, d’Habib Bank et de l’agence danoise de crédit à l’exportation (EksportKreditFonden). Ces financiers se sont engagés à apporter en tout 135 millions de dollars.

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Deux actionnaires

Le solde sera apporté par Lucky Cement et le Groupe Rawji, actionnaires à parts égales de Nyumba Ya Akiba. Basé au Pakistan et filiale du groupe familial Yunus Brothers, Lucky Cement est le principal producteur de ciment dans ce pays, avec une capacité de près de 8 millions de tonnes par an. Il entend se développer dans de nouveaux pays, et a ainsi lancé début 2014 un site de broyage en Irak. Le groupe Rawji, de son côté, est l’un des plus importants conglomérats de RD Congo. Il possède notamment RawBank, la première banque du pays.

18 à 24 mois

La construction de la cimenterie devrait durer entre 18 et 24 mois. « Une fois le projet réalisé, la cimenterie produira 3 000 tonnes de clinker par jour et 3 580 tonnes de ciment par jour, ce qui permettra une avancée majeure dans l’industrialisation du pays. Une partie de la production sera destinée à l’exportation et le projet devrait créer plus de 400 emplois directs et 10 000 emplois indirects », a souligné dans un communiqué le cabinet d’avocats Clifford Chance, conseil des prêteurs. Nyumba Ya Akiba a été conseillé par DLA Piper.

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En quelques années, l’Afrique subsaharienne est passée d’une situation de déficit chronique en ciment à une situation excédentaire. En 2013, la région a ainsi, pour la première fois, produit plus de ciment qu’elle n’en a consommé. Grâce aux innombrables investissements réalisés dans le secteur, notamment par Dangote Cement mais aussi par le sud-africain Pretoria Portland Cement (PPC) ou le marocain Ciments de l’Afrique, la production (hors Afrique du Sud) est passée selon un récent article de Jeune Afrique de 48,6 millions de tonnes de ciment en 2010à près de 98 millions en 2013.

———————> L’occasion de relire notre grande enquête sur le boom du ciment en Afrique subsaharienne : « Tous grisés par l’or gris

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Fin du déficit ?

Jusqu’à présent, la RD Congo est passée à côté de ce boom, la production ne satisfaisant que la moitié environ des besoins. Propriétés de l’allemand Heidelberg Cement et du groupe Forrest, la Cimenterie de Lukala (également dans le Bas-Congo) et Interlacs (dans le Kivu) produisent l’essentiel du ciment congolais. Pretoria Portland Cement a annoncé début 2013 la construction d’une cimenterie dans la même zone du Bas-Congo, pour une capacité de plus d’un million de tonnes. Soutenue par IFC, ce projet de 280 millions de dollars a entamé sa phase de construction récemment et devrait être opérationnel fin 2016.

D’autres projets existent, notamment au Katanga, laissant entrevoir la fin du déficit de production dans le pays, même si l’un des enjeux principaux reste le transport des matériaux de construction dans un pays aux infrastructures souvent déplorables.

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