Moody’s et Fitch divergent sur les perspectives du Gabon
L’agence de notation Moody’s vient d’attribuer une première note de crédit aux émissions souveraines du Gabon : « Ba3 » à long terme, avec des perspectives « stables ». Un diagnostic plus optimiste que celui dressé par son homologue Fitch qui a abaissé les perspectives du pays de « stables » à « négatives ». Décryptage.
Le Gabon est désormais évalué par les trois principales agences de notation internationales : Fitch, Standard & Poor’s et Moody’s. Cette dernière a publié, le 12 décembre, sa première note de crédit attribuée aux obligations souveraines en monnaie locale et en devises étrangères de l’État gabonais : « Ba3 ». Cette note, qui désigne des obligations dites « spéculatives » avec un risque de crédit « important », correspond à celles attribuées par ses consœurs : « BB- » pour S&P et Fitch. Elle est assortie d’une perspective stable, à l’instar de celle de Standard & Poor’s mais contrairement à l’agence Fitch qui, dans une mise à jour publiée le 5 décembre, a abaissé les perspectives du pays de stables à négatives.
Cette divergence tient, pour l’essentiel, à une différence d’appréciation des décisions que prendront les autorités de Libreville durant les prochains mois, en réaction à la chute des cours du pétrole. Le baril de brut a perdu 47 % de sa valeur depuis juillet, et s’échange désormais à moins de 60 dollars.
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Accords et oppositions
Moody’s, numéro un mondial, et son homologue britannique s’accordent bien volontiers sur les points forts de l’économie gabonaise : un bilan financier solide ; un PIB nominal élevé d’environ 19 milliards de dollars et un revenu par habitant assez haut (supérieur à 10 500 dollars, soit le double de la valeur moyenne dans les pays ayant reçu la même note) ; de solides perspectives de croissance (plus de 5 % en 2014 et en 2015) et une vulnérabilité réduite aux chocs externes, en raison notamment de l’appartenance du pays à la zone CFA.
Mais dans un contexte marqué par le net recul des cours de l’or noir (qui représente entre 50 et 60 % des revenus de l’État et près de 80 % des recettes d’exportations), les deux agences ont une lecture différente des options dont dispose Libreville. Fitch note par exemple que « contrairement à d’autres exportateurs de pétrole, le Gabon n’a pas accumulé de réserves substantielles », bien qu’elles atteignent aujourd’hui 10 % du PIB.
L’agence britannique, qui a fait ses prédictions en se basant sur un cours de 83 dollars par baril de brut en 2015, s’attend à une chute de 20 % de la valeur du pétrole produit par le Gabon l’an prochain – après un recul de 10 % cette année. Aussi, selon Fitch, Libreville n’a guère d’autre choix à moyen terme que de « réduire ses dépenses pour atténuer l’impact de la chute des revenus du pétrole ».
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Réformes
Plus optimiste, Moody’s met plutôt l’accent sur la bonne santé fiscale du Gabon, avec un endettement modéré (environ 28 % du PIB, contre une moyenne de 34,5 % dans les pays de la même catégorie) et peu cher (le paiement des intérêts représente 5,6 % des recettes, contre 6,7 % dans les pays similaires). L’agence américaine salue également un cadre de politique monétaire « prudent » et « effectif ».
Enfin, Moody’s avance l’hypothèse que « les autres ressources naturelles abondantes » du Gabon, telles que le manganèse par exemple, seront de plus en plus mises en valeur.
Pour l’agence américaine, une amélioration de la note de crédit du Gabon est envisageable, en cas d’ »amélioration du cadre institutionnel, en particulier en ce qui concerne la gouvernance privée et publique ainsi que l’environnement des affaires ». La mise en œuvre réussie de mesures qui « permettent de diversifier la base productive de l’économie » et « réduisent les inégalités de revenus » serait également une facteur positif, conclut Moody’s.
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