Maroc : après l’agression d’un de ses diplomates, Rabat exige des excuses d’Alger

Documents à l’appui, les autorités marocaines dénoncent un incident intolérable tandis qu’Alger fustige « une piètre mise en scène ».

Le numéro deux de l’ambassadeur du Maroc aux Caraibes recevant les premiers soins après son agression par un diplomate algérien. © DR

Le numéro deux de l’ambassadeur du Maroc aux Caraibes recevant les premiers soins après son agression par un diplomate algérien. © DR

Publié le 22 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

Le Maroc a exigé, samedi 20 mai, des « excuses » de l’Algérie après la « grave agression » présumée de l’un de ses diplomates lors d’une réunion dans les Caraïbes, alors qu’Alger a dénoncé une « mise en scène » et convoqué l’ambassadeur marocain. « Il s’agit d’un incident simplement intolérable, nous demandons des excuses de la partie algérienne », a déclaré à l’AFP le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

Photos à l’appui, Rabat avait dénoncé, jeudi 18 mai, « l’agression physique » de l’un de ses diplomates par le numéro trois du ministère algérien des Affaires étrangères lors d’un séminaire régional d’un comité onusien dans les Caraïbes, un « grave » incident qui va « contre tous les usages diplomatiques ».

la suite après cette publicité

Expertise médicale et PV de police

Selon des documents de l’expertise médicale transmis à Jeune Afrique (voir ci-dessous), le diplomate marocain, Mohamed Ali Khamlichi, 42 ans, a été admis en urgence à l’hôpital Milton Cato Memorial de Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Il avait une trace de coup à la face qui aurait engendré une brève perte de conscience. Le document indique que le patient s’est plaint de maux de tête, de coups à la mâchoire et au niveau de la poitrine.

Rabat a également rendu public une copie du rapport du chef de la police locale, faisant un récit circonstancié de l’incident et décrivant comment le responsable algérien aurait « frappé avec sa main le visage » du Marocain.

L’expertise médicale et le PV de police attestant de l’agression du diplomate marocain by jeuneafrique on Scribd

la suite après cette publicité

Alger convoque l’ambassadeur marocain

la suite après cette publicité

Alger a rejeté ses accusations, dénonçant une « piètre mise en scène », et des « informations inventées, (…) mensongères et sans aucun lien avec la réalité ». Samedi, les autorités algériennes ont convoqué l’ambassadeur marocain pour lui exprimer leurs « vives protestations » après des « provocations » et du « harcèlement de la part de membres de la délégation marocaine » contre « une jeune diplomate » algérienne. Alger dit désormais « attendre des excuses de la part du Maroc ».

« Contrairement a ce qui a été dit, l’agression est bien réelle, et elle est attestée par un rapport de police, qui n’est pas une plainte. Ce rapport émane du responsable de la sécurité de l’île et est adressé au Premier ministre. Cela confirme l’incident », a commenté M. Bourita. « Nous attendons que la partie algérienne assume les conséquences de cet acte. Si c’est un cas isolé, il faut le traiter », a souligné le ministre.

Un contexte tendu

Avec le retour du Maroc au sein de l’Union africaine (UA) début 2017, la rivalité entre Rabat et Alger s’est exacerbée autour de cette question du Sahara, et donne lieu à une sourde lutte d’influence au sein des organisations et rencontres internationales.

Le ton s’est également durci ces deniers mois, avec des accusations de part et d’autre sur différents dossiers, dont le dernier en date est le sort d’une cinquantaine de réfugiés syriens coincés à la frontière algéro-marocaine et que les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir expulsés. La frontière terrestre entre les deux rivaux du Maghreb est fermée depuis 1994.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Des troupes du front Polisario défilent dans le village de Tifariti lors de la célébration du 35e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique, le 27 février 2011. © Arturo Rodriguez/AP/SIPA

Sahara occidental : la prochaine guerre d’Afrique du nord ?

Contenus partenaires