Maroc : El Amrani, l’homme qui a modernisé la communication du PJD

L’homme qui a modernisé les relations publique du parti islamiste marocain est un influent mais discret numéro deux, discipliné et loyal. Portrait.

Slimane El Amrani. © DR

Slimane El Amrani. © DR

CRETOIS Jules

Publié le 22 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Slimane El Amrani, comme tous les membres du Parti de la justice et du développement (PJD), ne tarit pas d’éloges sur feu Abdellah Baha, décédé en 2014, alors qu’il était vice-secrétaire général du parti et bras droit de Abdelilah Benkirane, alors chef du gouvernement et actuellement secrétaire général. Mais, plus amusant, El Amrani brosse de Baha un portrait similaire en tous points à celui que ses frères du parti font de lui-même : « Peu bavard mais précis, sachant déléguer, il cherchait le consensus plutôt que le conflit, mais il pouvait entrer dans de vraies colères contre ceux qui violaient le règlement ».

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À 57 ans, ce discret mais influent cadre du parti islamiste, également membre du conseil de la choura du Mouvement d’unification et de la réforme (MUR), a presque quarante ans de militantisme islamiste derrière lui. Et son poids se fait toujours plus ressentir au sein du PJD. Le 10 mai dernier, il remplaçait Benkirane, en déplacement religieux à La Mecque, pour une réunion du secrétariat général du parti, qui fut tendue. En cause : les compromis faits pour parvenir à former une majorité gouvernementale.

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Depuis quelques années, El Amrani grimpe les échelons hiérarchiques au fil des congrès : membre du secrétariat général depuis 2004, il devient troisième vice-secrétaire général en 2008 puis deuxième vice-secrétaire général en 2012. Et depuis 2013, lui est dévolue la tâche majeure de moderniser et de rationnaliser la communication islamiste. Il dirige aujourd’hui l’entreprise Adala Média, installée à Rabat et qui peaufine les relations publiques du parti. Les résultats sont là : en 2014, le PJD se dote d’un nouveau site internet, avant de lancer une webradio en 2016 et une web TV en 2017. Les principaux cadres du PJD ont tous une page officielle sur Facebook. En matière de communication digitale, le parti marque des points et prend une – grosse – longueur d’avances sur les autres formations, ce qui s’est ressenti lors des élections législatives d’octobre 2016.

Un très proche de Benkirane

Au fil du temps, Lamrani est devenu un très proche de Benkirane. « J’ai fait sa connaissance en 1982, alors qu’il avait pris le leadership dans la réforme du mouvement islamiste naissant qui a abouti en 1983 à la création de la Jamaa Islamiya [descendance de la Chabiba Islamiya et ancêtre du MUR]  », raconte-t-il. C’est aussi à cette époque que Lamrani milite aux côtés de l’actuel chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani. « Aujourd’hui, on peut dire que Lamrani appartient au courant incarné par Benkirane, mais c’est surtout un homme capable de trouver des compromis », précise un cadre du PJD. « C’est grâce aux hommes comme lui, des techniciens de la démocratie complètement dévoués à leur cause, que le PJD reste un parti discipliné et solide, qui ne souffre pas de scissions ou de fronde interne », précise un chercheur et islamologue. Lamrani, prototype du cadre islamiste incarne bien l’efficacité de son camp politique.

 Pas ministre, ni numéro un

Malgré ses qualités et ses trois mandats électifs de député, El Amrani n’est pas cité comme potentiel futur secrétaire général, alors que le congrès du parti est prévu pour l’été prochain. Et pour cause : « Lui-même ne préfère pas trop s’exposer » assure un militant. De source interne au parti, El Amrani, qui s’est formé sur le tas au droit et à l’administration publique, aurait même décliné un poste de ministre, possiblement l’actuel poste de Mustafa El Khalfi, ministre délégué aux Marocains résidant à l’étranger et aux Affaires de la migration. El Amrani ne connaît qu’une mission : veiller à la cohésion du parti le plus puissant du Maroc, tout en continuant à conseiller son charismatique leader.

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