Désintox – Afrique de l’Ouest : ce free roaming moins cher mais pas gratuit

Vous avez dit « free roaming » ? L’itinérance des appels téléphoniques en vigueur depuis le 31 mars au sein de la Cedeao n’est en réalité pas gratuite. Dans les faits, elle ne concerne que la réception des appels, dans la limite de 300 minutes par mois. De plus, elle n’est effective que dans cinq des sept pays qui s’y sont engagés. À quelle facture devez-vous vous attendre ? Décryptage.

Un usager consultant son smartphone (image d’illustration). © Sylvain Cherkaoui pour JA

Un usager consultant son smartphone (image d’illustration). © Sylvain Cherkaoui pour JA

Publié le 29 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Finies les surfacturations à rallonge pour les appels d’un pays ouest-africain à l’autre ? Oui et non. Le protocole d’accord signé le 28 novembre 2016 à Abidjan par les régulateurs des télécoms du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Conakry, du Mali, du Sénégal et de la Sierra Leone — auxquels s’est ajouté le Togo en janvier prévoit la « gratuité de la réception d’appel pour les usagers en roaming » et la « facturation des appels des abonnés en déplacement au tarif local dans le réseau des pays visités ».

« L’objectif politique est que chaque citoyen de la Cedeao se sente chez lui du point de vue des télécommunications, paie le même tarif où qu’il se trouve et n’ait pas à pâtir des factures de télécommunication », indique un conseiller à la présidence sénégalaise spécialiste du dossier.

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C’est pour se pencher sur l’état d’application de ce protocole que les délégués des pays membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) étaient réunis au siège de la Banque d’investissement et de développement à Lomé les lundi 22 et mardi 23 mai. En jeu, une ébauche de zone de télécommunications communautaire, trois mois après l’entrée en vigueur le 31 mars du protocole d’accord signé par sept des quinze membres de la zone.

  • Ces nouveaux tarifs sont-ils appliqués ?

Les effets de ces mesures tardent à se faire sentir par les usagers. « Je suis présentement au Mali et j’utilise ma puce Telmob du Burkina. Lorsque je reçois un appel du Burkina sur ma puce Telmob, non seulement celui qui m’appelle est facturé mais moi aussi alors que je reçois l’appel », se plaint ainsi un usager qui a contacté Jeune Afrique.

Un autre nous affirme : « Je suis au Sénégal mais il m’est moins cher de téléphoner à un parent qui est aux États-Unis qu’à un autre qui est tout proche d’ici, en Guinée. »

Des critiques que le directeur général de l’Autorité sénégalaise de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), Abdou Karim Sall, chef de file dans ce dossier, minimise : « Nous avons fait des tests et les nouveaux tarifs sont bel et bien appliqués par les compagnies », dit-il.

  • Pourquoi la Côte d’Ivoire n’applique pas encore le free roaming ?

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Les accords sur l’itinérance ne sont appliqués que dans cinq des sept pays signataires de l’accord de novembre. La Côte d’Ivoire, où l’Autorité de régulation des télécommunications (ARTCI) n’a pas répondu aux sollicitations de Jeune Afrique, et la Sierra Leone n’ont pour l’heure pas encore fait appliquer ces nouvelles règles, faute d’accord avec leurs opérateurs. Mais ce pourrait être le cas en juin en Côte d’Ivoire.

  • Ce que vous devriez payer

Les accords passés avec les opérateurs ne prévoient la gratuité que pour la réception des appels dans la limite de 300 minutes par mois. Selon ces règles, un client malien en déplacement au Sénégal doit pouvoir recevoir un appel en provenance du Mali sans surcoût, alors qu’il aurait été facturé avant l’entrée en vigueur de l’accord le 31 mars.

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Mais la gratuité s’arrête là. Côté appels émis, chaque pays s’est entendu avec les opérateurs actifs sur son territoire sur les tarifs qui seront appliqués à leurs clients lorsqu’ils sont en déplacement à l’international. Principal enseignement : le free roaming n’est pas gratuit, quoiqu’il marque une nette baisse des surfacturations.

Infographie Free roaming en Afrique de l'Ouest © Camille Chauvin pour Jeune Afrique

Infographie Free roaming en Afrique de l'Ouest © Camille Chauvin pour Jeune Afrique

  • Le Bénin, le Niger, la Gambie et la Mauritanie volontaires pour rejoindre le free roaming

Ce début de réseau régional pourrait encore s’élargir si d’autres pays membres de la Cedeao sautent le pas. C’est tout du moins la direction prise par les délégués de la Cedeao lundi et mardi à Lomé en adoptant les conclusions d’un rapport qui avait été commandé à un consultant externe. Celui-ci préconise notamment l’extension à toute la Cedeao du free roaming, et ce dès que possible. L’entrée de nouveaux pays sera décidée en septembre à Praia au Cap Vert. Le Bénin, le Niger, la Gambie et la Mauritanie sont déjà volontaires.

  • Une hausse de 1 000% des communications en itinérance

Avant cette date, un premier bilan du free roaming ouest-africain est attendu au plus tard le 31 juillet. Mais l’ARTP sénégalaise se montre d’ores et déjà confiante, évoquant « une hausse de 1 000% des communications en itinérance » depuis le 31 mars.

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