Tueries au Kasaï : mis en cause par un enregistrement accablant, Clément Kanku promet une « réplique »

À la suite des révélations de dimanche faisant état d’une possible implication de Clément Kanku dans les exactions en cours au Kasaï, dans le centre de la RDC, un enregistrement sonore accablant circule sur les réseaux sociaux. Contacté, le député incriminé a promis lundi une « réplique »… qui se fait attendre.

Une équipe de la Monusco dépêchée après l’explosion d’un engin non identifié à Matamba, dans le Kasaï-Central, le 14 mai 2017. © Biliaminou Alao/Flickr/Monusco

Une équipe de la Monusco dépêchée après l’explosion d’un engin non identifié à Matamba, dans le Kasaï-Central, le 14 mai 2017. © Biliaminou Alao/Flickr/Monusco

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Publié le 22 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Serait-il le commanditaire des exactions en cours au Kasaï ? Le député congolais Clément Kanku, originaire de cette partie de la RDC, est éclaboussé par un enregistrement sonore largement relayé, dimanche 21 mai, sur les réseaux sociaux. Selon le quotidien américain New York Times qui a révélé, quelques heures plus tôt, l’existence de ce document, cet ex-ministre aurait été en contact avec un groupe de miliciens recrutés notamment pour incendier des villages et assassiner des personnes bien ciblées dans le centre du pays.

Dans les deux conversations téléphoniques, on peut en effet entendre une voix supposée être celle de Clément Kanku s’enquérir de la situation dans le chef-lieu du territoire de Dibaya. « Nous avons brûlé Tshimbulu », lui dit en tshiluba son interlocuteur, un milicien local présumé. « C’est une bonne nouvelle », lâche au bout du fil l’élu de la région dans la même langue.

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Le député Kanku était au courant

Dans les échanges entre les deux hommes, il est également question de l’attaque ciblée contre un officier de l’armée et ses gardes du corps mais aussi de l’assaut contre les installations de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et contre la maison d’arrêt du village. « Ils ont aussi ouvert la prison et les gens se sont évadés. Ils ont réussi à tuer six policiers (…) », détaille l’interlocuteur de Clément Kanku.

Selon New York Times, ces enregistrements proviennent de l’un des 130 fichiers d’un dossier enregistré sous le nom de Kanku dans l’ordinateur de Zaida Catalán, l’une des deux chercheurs onusiens assassinés le 12 mars dans le Kasaï-Central. S’il est difficile de savoir dans quelles conditions et circonstances ce membre du groupe d’experts du Conseil de sécuritaire sur la RDC a pu mettre la main sur ces éléments accablants, Zaida Catalán aurait tout de même informé Clément Kanku de sa trouvaille.

« À Kinshasa, plusieurs ambassades occidentales étaient également au courant de cet enregistrement et, depuis quelques temps, le nom de Clément Kanku est cité dans les exactions au Kasaï », fait remarquer un député qui suit de près les questions sécuritaires en RDC.

Ce sont des politiciens qui tirent les ficelles

Au ministère de l’Intérieur, on se refuse, pour l’instant, à commenter le cas spécifique de Clément Kanku. « Dans ce qui passe dans le Kasaï comme dans autres foyers de tension dans le pays, nous savons que ce sont des politiciens qui tirent les ficelles : ils envoient de l’argent aux miliciens et deviennent leurs répondants », confie une source sécuritaire. « Une posture de pyromane qui leur permet d’accroître leur influence dans l’échiquier politique et de négocier des postes ministériels sous prétexte d’être les mieux placés pour pacifier une région en proie aux violences qu’ils ont eux-mêmes attisées », ajoute-t-elle.

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La « réplique » qui se fait attendre

Contacté par Jeune Afrique, Clément Kanku a promis de répondre à nos questions à midi (heure de Kinshasa). Le temps de « préparer sa réplique ». Trois heures plus tard, le député n’était plus joignable. À en croire son entourage, il a convoqué ce matin son état-major.

« La réunion se poursuit toujours », nous répète-t-on. « Et la conférence de presse, initialement prévue aujourd’hui, aura lieu finalement demain », précise un assistant du député. Pas facile d’arrêter une ligne de défense, apparemment. En attendant, c’est le silence des autorités judiciaires congolaises sur ce nouveau rebondissement qui intrigue les internautes.

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