Industrialisation : la BAD, l’OCDE et le Pnud urgent les États africains d’agir
Dans son étude annuelle sur les perspectives économiques de l’Afrique, rédigée par la Banque africaine de développement (BAD), le Programme des nations unies pour le développement (Pnud) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) soulignent l’importance pour les États africains d’entamer une révolution industrielle.
Après avoir enregistré des chiffres en baisse ces dernières années, suite à la chute des cours de matières premières, le centre de développement de l’OCDE table sur une légère reprise dès cette année, avec une croissance de 3,4 % qui devrait atteindre les 4,3 % en 2018.
Si l’Afrique de l’Ouest et Centrale reste à la traîne, l’Afrique du Nord et plus encore l’Afrique de l’Est, avec une prévision de croissance de 5,3 % attendue pour 2017, devraient tracter l’ensemble du continent. À condition que les hypothèses des experts de l’OCDE se concrétisent, qu’il s’agisse du rebond espéré des ressources naturelles et de l’économie mondiale, ou des réformes macroéconomiques qui doivent être réalisées à travers le continent.
La nécessité de l’industrialisation
Pour assurer cette relance et sortir de la dépendance des matières premières, tout en créant les 29 millions d’emplois indispensables chaque année pour faire face à la vague démographique qui attend le continent, l’industrialisation de l’économie africaine, « est plus que jamais une nécessité », insiste Mario Pezzini, directeur du centre de développement de l’OCDE. Surtout qu’entre 1990 et 2015, la part du secteur manufacturier dans le PIB africain est passée de 17 à 11 %.
Il y a donc urgence à entamer cette révolution industrielle qui continue de se faire attendre, malgré des perspectives prometteuses en direction des marchés internationaux mais également régionaux.
Pour assurer un tel développement, l’OCDE insiste pour améliorer la formation de la main d’œuvre et pour réorganiser les entreprises, en les regroupant notamment dans des clusters, permettant à la fois une réduction des coûts et un meilleur accès aux marchés. « L’idée est de consolider les entreprises et de renforcer leur compétitivité », explique Mario Pezzini.
L’agro-alimentaire doit être le pilier de l’industrialisation en Afrique.
Cette politique de développement à l’échelle locale doit avoir des visées sous-régionales, notamment dans la réalisation des grands projets d’infrastructures nécessaires à tout projet industriel.
Pour tenir compte des spécificités du continent, par exemple le poids des activités informelles dans de nombreux secteurs comme le BTP, cette industrialisation doit s’appuyer en priorité sur les activités fortes de son économie, à commencer par l’agriculture.
« Il est clair que l’agro-alimentaire doit être le pilier de l’industrialisation en Afrique », confirme Mario Pezzini, beaucoup plus sceptique lorsqu’il s’agit des perspectives liées à la délocalisation des millions d’emplois chinois sur le continent. « Avec la robotisation à venir de l’industrie chinoise, l’Afrique n’est pas certaine d’être compétitive en terme de coût du travail », précise Arthur Minsat, responsable du bureau Afrique du centre de développement.
Trouver des sources de financement
Reste à trouver les sources de financement. Si les montants de l’Aide publique au développement (APD), des Investissements directs étrangers (IDE) et les transferts des migrants devraient largement contribuer à mobiliser les ressources, les revenus fiscaux sont attendus pour jouer un rôle de plus en plus important.
Même si les taux de collecte ne représentent encore en Afrique que la moitié de ceux enregistrés dans les pays de l’OCDE, « il y a une nette amélioration ces dernières années », remarque Mario Pezzini. Surtout, les revenus fiscaux devraient être plus diversifiés à l’avenir et moins dépendre des hydrocarbures. Au rythme de la diversification tant espérée des économies africaines.
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