Ebola : le Sierra Leone va confiner sa population pendant trois jours
Le Sierra Leone s’apprête à lancer une opération géante de porte-à-porte à destination de ses six millions d’habitants. La population est invitée, à partir de jeudi soir, à rester confinée pendant trois jours afin de recevoir la visite d’un des 30 000 agents mobilisés par l’État contre le virus Ebola.
La Sierra Leone, un des trois pays africains les plus touchés par Ebola, se prépare à un confinement sans précédent de sa population pendant trois jours, pour une campagne géante de porte-à-porte. Les autorités ont mobilisé près de 30 000 personnes (7 136 équipes de quatre personnes), pour rendre visite à 1,5 million de foyers à partir de minuit (heure locale et GMT) dans la nuit de jeudi 18 septembre à vendredi 19 septembre.
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"Le confinement aura bien lieu pendant ces trois jours, quoi qu’il arrive", a assuré Steven Gaojia, le coordinateur national du Centre d’opérations d’urgence gouvernemental. Les équipes distribueront à chaque foyer un savon et de la documentation sur Ebola et mettront en place dans chaque quartier des comités de veille. Mais le gouvernement a précisé qu’elles n’entreraient pas dans les domiciles et alerteraient les services spécialisés si elles découvraient des malades ou des morts.
"Inverser la tendance"
Les autorités, qui s’attendent à une augmentation des cas recensés (1 620 déjà, dont 562 morts) pouvant aller jusqu’à 20% lors de cette opération, ont prévu des lits supplémentaires dans tout le pays, dont près de 200 autour de la capitale Freetown.
Les personnels de santé, les services d’urgence et les forces de sécurité sont exemptés de cette mesure, comme les médias. La population sera autorisée à sortir après 18H00 pour aller prier à l’église ou à la mosquée.
Le président Ernest Bai Koroma devait lancer l’opération par une allocution dans la soirée, qu’il a demandé aux chefs de tribus de relayer. "Le principal objectif de la campagne est d’inverser la tendance à l’accroissement des cas d’Ebola dans les trois mois", a expliqué un responsable du ministère de la Santé, Lansana Conteh.
Doutes sur l’efficacité de la mesure
Les habitants se pressaient dans les rues pour faire des provisions de denrées de base : huile, riz, pommes de terre et manioc, provoquant des embouteillages. Mais les spécialistes de santé publique doutaient de l’efficacité de mesures aussi coercitives pour faire reculer l’épidémie.
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L’ex-président de MSF Jean-Hervé Bradol a jugé l’initiative de la Sierra Leone "hautement irréaliste" : les autorités n’ont "pas les moyens de visiter l’ensemble des foyers en trois jours", et beaucoup d’habitants "n’ont pas les ressources pour rester trois jours à la maison sans sortir". Face à des centres "hyper-saturés" qui refusent tous les jours des patients, "que vont-ils en faire quand ils débusqueront de nouveaux malades?", s’est-il interrogé.
Au moins 21 personnes blessées dans une manifestation en Guinée
Par ailleurs en Guinée, d’où est partie l’épidémie au début de l’année (595 morts sur 936 cas), au moins 21 personnes ont été blessées mardi 16 septembre, lors d’une manifestation contre des responsables en campagne de sensibilisation dans le sud-est du pays. Des villageois de Womé, près de N’zérékoré, la deuxième plus grande ville du pays, se sont attaqués à coups de pierres et de bâtons à la délégation conduite par le gouverneur, Lancéi Condé, selon la gendarmerie locale.
Dans ce contexte, la principale lueur d’espoir venait de la recherche médicale, dont les perspectives de découvrir un vaccin efficace avant la fin de l’année paraissent prometteuses: les premiers essais cliniques n’ont pas révélé de réactions néfastes.
Une Française contaminée et rapatriée
Signe de la mobilisation internationale croissante, le Conseil de sécurité, saisi en urgence par les États-Unis, devait également se prononcer jeudi sur un projet de résolution américain contre la propagation de l’épidémie. Une telle initiative est rarissime dans le domaine de la santé, alors que l’ONU a estimé les besoins de financement à près d’un milliard de dollars.
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L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, la plus grave de l’histoire de cette fièvre hémorragique identifiée en 1976, a tué au moins 2 461 personnes sur 4 985 cas, selon le dernier bilan publié mardi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Au Liberia, de loin le pays le plus affecté (1 296 morts sur 2 407 cas), une volontaire française de Médecins sans Frontières (MSF) en mission dans la capitale Monrovia, contaminée par le virus, était en voie de rapatriement par avion spécial, une première pour la France.
(Avec AFP)
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