Législatives au Sénégal : à chacun sa coalition !
Au Sénégal, chaque élection voit généralement fleurir son lot de coalitions politiques. Les prochaines élections législatives, qui se tiendront le 30 juillet, n’échappent pas à cette règle.
Dans les états-majors des partis politiques, l’heure est aux derniers réglages. Le 30 mai, à minuit, sonnera le glas du dépôt des candidatures pour les élections législatives du 30 juillet. Alors que la date butoir approche, plusieurs responsables politiques ont déjà annoncé la création de leurs coalitions pour ce scrutin majeur, qui sera le dernier tour de chauffe électorale avant la présidentielle de 2019.
Constituées de partis traditionnels ou plus récents, mais aussi parfois de mouvements citoyens, ces différentes coalitions se présentent sur la liste nationale et sur des listes départementales, sans que l’on sache parfois très bien si ses membres, une fois élus, rallieront la majorité ou l’opposition… Passage en revue.
Benno Bokk Yakaar
La coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY) a l’ambition de confirmer sa confortable majorité à l’Assemblée nationale lors de ces législatives, pour créer une dynamique en vue de la prochaine élection présidentielle, en 2019, à laquelle Macky Sall sera très probablement candidat.
Mise sur pied en 2012, la coalition BBY est principalement composée de l’Alliance pour la république (APR), le parti du chef de l’État, du Parti socialiste (PS) d’Ousmane Tanor Dieng, ou encore de l’Alliance des forces du progrès (AFP) de Moustapha Niasse, l’actuel président de l’Assemblée nationale. Sa tête de liste nationale n’a pas encore été désignée, mais beaucoup de cadres de la majorité militent pour que ce rôle soit confié au Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Manko Taxawu Sénégal
La coalition Manko Taxawu Sénégal, qui espère imposer une cohabitation à Macky Sall pour ses deux dernières années de mandat, regroupe les principaux partis d’opposition. On y retrouve notamment le premier d’entre eux, le Parti démocratique sénégalais (PDS), le parti de l’ex-président Abdoulaye Wade, Rewmi, la formation de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, le Grand parti de Malick Gakou, ou encore plusieurs « frondeurs » du Parti socialiste (PS), dont la tête d’affiche Khalifa Sall, le maire de Dakar, est incarcérée depuis début mars.
Cette coalition de l’opposition rassemble donc les principaux challengers de Macky Sall, qui ont mis de côté leurs vieilles rivalités pour mieux faire face à leur adversaire commun. Ces derniers jours, les rumeurs et tractations vont bon train pour savoir qui sera nommé tête de liste nationale. Plusieurs noms reviennent, comme ceux d’Oumar Sarr (le secrétaire général adjoint du PDS), de Khalifa Sall, ou encore d’Abdoulaye ou Karim Wade…
« Oser l’avenir »
La coalition « Oser l’avenir » a été lancée le 20 mai par l’avocate Aïssata Tall Sall. Beaucoup y ont vu une rupture définitive entre la député-maire de Podor et le Parti socialiste, dont elle était une des principales figures. Se disant « ni de BBY, ni de Manko Taxawu Sénégal », son positionnement politique suscite aujourd’hui les interrogations de certains observateurs : si elle est élue, ralliera-t-elle la majorité ou l’opposition ?
Quoi qu’il en soit, la « lionne du Fouta » n’entend visiblement pas s’arrêter là : lors du lancement d’« Oser l’avenir », elle a affirmé que ces législatives seraient pour elle un tremplin en vue de la présidentielle de 2019.
Convergence patriotique
La coalition Convergence patriotique est celle d’Abdoulaye Balde, le député-maire de Ziguinchor, qui la présente d’ores et déjà comme celle de « la troisième voie » entre BBY et Manko Taxawu Senegal. Le président de l’Union des centristes du Sénégal (UCS), qui se revendique de l’opposition sans se reconnaître dans Manko Taxawu Senegal, s’est notamment entendu avec plusieurs anciens ministres d’Abdoulaye Wade, comme Mamour Cissé ou Moustapha Guirassy.
Comme Aïssata Tall Sall, leur posture d’opposants en dehors de la principale coalition d’opposition alimente les spéculations sur leur futur positionnement sur l’échiquier politique.
Joyyanti
La coalition Joyyanti (« Réorienter ») a été dévoilée le 25 mai par l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye. Nouveau venu sur la scène politique, le président du parti Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), qui ne faisait guère mystère de son intention de se présenter aux législatives, entend notamment incarner une nouvelle opposition à Macky Sall.
Très offensif vis-à-vis du chef de l’État sur sa gestion des ressources pétrolières et gazières du pays, Mbaye espérait former une coalition avec Ousmane Sonko, lui aussi très investi sur les questions de transparence. Cela ne s’est finalement pas fait, et l’ACT a formé sa propre coalition avec quatre autres partis.
Ndawi askan wi
La coalition Ndawi askan wi (« Les fils du peuple », en français) a été mise sur pied par Ousmane Sonko. Novice dans l’arène politique, cet ex-inspecteur des impôts, qui a été radié de la fonction publique après avoir multiplié les critiques contre Macky Sall et son entourage dans les affaires de pétrole et de gaz, est le président du parti Pastef-Les patriotes.
Allié à quelques autres partis, comme le Rassemblement national démocratique (RND), il s’est aussi rapproché de différents mouvements citoyens locaux pour présenter des candidats dans toutes les circonscriptions du pays.
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