Sénégal : les mille et une promesses du bus rapide de Dakar

La Banque mondiale a annoncé, dans un communiqué publié vendredi 26 mai, avoir approuvé un financement de 300 millions de dollars pour un projet pilote de système de bus rapides sur une voie réservée à Dakar (BRT). Les retombées potentielles du projets pour les usagers, l’environnement et l’économie sont nombreuses.

A Dakar, le 3 février 2014. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

A Dakar, le 3 février 2014. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 29 mai 2017 Lecture : 4 minutes.

Plusieurs villes d’Amérique Latine, comme Bogotá, en Colombie, ou encore Guangzhou en Chine, l’ont essayé et adopté. Le système de bus rapides sur voie réservée (BRT) est une solution aussi peu chère qu’efficace pour répondre aux défis posés par le transports dans les villes des pays en développement.

De fait, le succès du système BRT repose sur trois constats : les embouteillages urbains sont largement dus aux mouvements des bus ; ces embouteillages se créent surtout lorsque les bus s’arrêtent pour faire monter les usagers ; cette phase d’embarquement est ralentie par le paiement tour à tour des passagers.

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Forte de ce constat, la Banque mondiale a annoncé, dans un communiqué publié le vendredi 26 mai, avoir approuvé un financement de 300 millions de dollars (280,9 millions d’euros) pour lancer le chantier d’un bus rapide sur voie réservée à Dakar, dont le coût total est estimé à 426,30 millions de dollars.

Ce projet doit répondre aux multiples défis posés par une urbanisation dynamique et mal contrôlée. Les impacts pour les usagers, pour l’environnement et pour l’économie sont potentiellement nombreux.

  • Temps de trajet plus courts

Pour les Dakarois, l’impact le plus visible sera la réduction de moitié, pendant les heures de pointe, de la durée des trajets dans les transports publics, entre les 18,3 kilomètres qui séparent la préfecture de Guédiawaye (au nord de Dakar) de la gare routière de Petersen, dans le centre de Dakar. À condition d’ici là qu’un accord à l’amiable soit trouvé avec les habitants qui devront être délogés sur le futur parcours. Les premiers travaux sont attendus dès 2017.

« Le BRT améliorera substantiellement les conditions de déplacement dans l’agglomération dakaroise qui compte actuellement 3,5 millions d’habitants et qui devrait en avoir 5 millions en 2030 », a déclaré Mansour Elimane Kane, ministre de l’Infrastructure, du Transport terrestre et du Désenclavement du Sénégal.

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Couvrant 0,3 % du territoire national, l’agglomération de Dakar, qui abrite 23 % de la population sénégalaise et 50 % de la population urbaine du pays, est souvent congestionnée.

L’agglomération de Dakar a connu un déclin de la vitesse et de la qualité des services de transports depuis le début des années 90.

La Banque mondiale soulignait, dans une étude parue le 21 avril dernier, la configuration géographique particulière de l’agglomération, caractérisée par une urbanisation bipolaire, avec, au centre, les activités administratives et commerciales, et, en périphérie, les logements.

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Elle notait également que « l’agglomération de Dakar a connu un déclin de la vitesse et de la qualité des services de transports depuis le début des années 90. »

Malgré cette baisse de qualité, les transports publics comptent toujours pour près de 80% des 1,7 million de trajets motorisés quotidiens dans l’agglomération. D’une capacité journalière de 300 000 passagers, dont 27 000 pendant les heures de pointe, la ligne BRT soulagera d’autant les autres flux de transport.

« Le schéma fonctionnel de la voie a été mis à jour depuis l’an dernier et est désormais plus consistant. Nous tablons sur 300 000 passagers transportés par jour, contre 150 000 auparavant, pour une vingtaine de stations », a indiqué à Jeune Afrique Thierno Birahim Aw, directeur général du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (Cetud).

  • Impact écologique

« Ce système de transport en commun [sera] moins polluant », a déclaré Louise Cord, directrice des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal, dans le communiqué de la semaine dernière.

« La qualité de l’air dans l’agglomération de Dakar devient problématique. Le développement du système BRT aura un impact positif sur la qualité de l’air en réduisant la pollution le long du corridor (…). Ce système entraînera une réduction des émissions de polluants dans la région métropolitaine de Dakar, beaucoup plus basse qu’avec d’autres modes de transport », peut-on lire dans l’étude de la Banque mondiale publiée en avril.

  • Retombées économiques

La nouvelle infrastructure aura un impact positif sur la croissance économique, selon le communiqué, qui souligne que « les milliers d’usagers qui se rendent chaque jour dans le centre de Dakar seront les principaux bénéficiaires de la nouvelle infrastructure ».

« Les emplois qualifiés créés par les opérations de BRT offriront davantage d’opportunités professionnelles aux femmes. Par ailleurs, les opérateurs de transport locaux, qui vont assurer le transport des usagers vers les lignes du BRT, auront l’opportunité d’être actionnaires dans le capital de l’opérateur BRT », a déclaré Louise Cord.

Les emplois qualifiés créés par les opérations de BRT offriront davantage d’opportunités professionnelles aux femmes.

Le projet inclut la construction de trois terminaux de passagers et de 20 stations, ainsi que la fourniture d’une flotte de bus et un Système de transport intelligent (STI). Un opérateur privé sera sélectionné dans le cadre d’un partenariat public-privé par le Conseil des transports urbains de Dakar (CETUD) créé pour gérer le BRT. Le démarrage des travaux est attendu en 2017.

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