Kenya : agressions et menaces contre les médias à deux mois de la présidentielle

Dans un rapport publié ce mardi, l’ONG Human Rights Watch enquête avec l’organisation britannique Article19 sur les abus et les recours plus ou moins informels utilisés à l’encontre des journalistes par la police, les agents du gouvernement, les gouverneurs de comté ou d’autres fonctionnaires.

Un journaliste tient une copie d’un rapport sur la liberté de la presse au Kenya, le 15 juillet 2015. © Ben Curtis/AP/SIPA

Un journaliste tient une copie d’un rapport sur la liberté de la presse au Kenya, le 15 juillet 2015. © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 30 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

Les auteurs du rapport ont rencontré 92 journalistes, militants de droits de l’Homme, blogueurs et agents du gouvernement au cours de leur enquête, dont les résultats figurent dans un rapport intitulé « Ça n’en vaut pas la peine : la liberté d’expression en danger à l’approche des élections de 2017 au Kenya ». Des entretiens qui ont permis de répertorier sur la période 2013-2017, correspondant au mandat du président Uhuru Kenyatta, 17 incidents lors desquels 23 journalistes ont été physiquement agressés par des agents du gouvernement ou d’autres personnes que l’ONG soupçonne d’être en lien avec les autorités.

Au moins deux personnes sont décédées dans des circonstances troubles qui pourraient être en lien avec leur profession de journaliste. À ce bilan s’ajoute 16 cas de menaces de mort proférées à l’encontre de journalistes ou de blogeurs et 14 cas recensés d’arrestations et détentions arbitraires.

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« Nos reporters sont menacés de mort »

Dans un pays où la liberté de la presse est inscrite dans la Constitution de 2010, cette dégradation du climat de travail des journalistes inquiète les médias locaux. Ceux-ci questionnent l’intérêt des sujets, notamment ceux visant les questions de corruptions et de violences impliquant le gouvernement ou la police, en fonction des risques encourus.

 « À chaque fois que nous écrivons des articles qui critiquent les forces de l’ordre ou exposent la corruption du gouvernement, nos reporters sont menacés de mort par des agents des forces de l’ordre ou d’autres services gouvernementaux. En général, il s’ensuit un retrait des publicités publiques ou une retenue des revenus de la publicité. Désormais il nous faut peser avec soin quels sont les reportages qui valent la peine de subir ces pertes », regrette le rédacteur en chef d’un média basé à Nairobi, interrogé dans le cadre du rapport.

Des plaintes sans réponse

Les élections générales étant prévues le 8 août prochain, la pression exercée par les services d’ordre s’est intensifiée. « Pour que les élections soient crédibles et équitables, les médias doivent être en mesure d’enquêter sur les sujets urgents, d’intérêt national, sans peur de représailles », avertiy Otsieno Namwaya, chercheur sur l’Afrique auprès de Human Rights Watch.

Ce que le rapport souligne également est l’absence quasi constante de réponse des forces de l’ordre aux plaintes formulées en bonne et due forme par les journalistes et blogueurs. Le cas de Dennis Otieno −photojournaliste à Kitale dans l’ouest du pays, abattu par des « agresseurs non-identifiés » quelques jours après avoir photographié des policiers en train de tuer un conducteur de moto-taxi − illustre le flou qui règne autour de ces agressions. Aucun suspect n’a été arrêté dans cette affaire de meurtre.

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