RDC : l’inquiétante érosion de la colline du Centre nucléaire de Kinshasa

Perché sur une colline d’un faubourg de Kinshasa, le centre de recherche nucléaire se meurt. Son réacteur n’a pas servi depuis des lustres mais le lieu reste jalousement gardé en raison de la dangerosité du site, désormais menacé par l’érosion des sols.

Le port de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, vu du ciel, le 24 septembre 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Le port de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, vu du ciel, le 24 septembre 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Publié le 30 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

L’érosion de la colline qui supporte le Centre régional de recherche nucléaire de Kinshasa (CREN-K) inquiète les autorités : depuis plusieurs années, elle gagne du terrain et la butte sur laquelle est construite la petite centrale de recherche se lézarde. Le ruissellement des eaux des pluies tropicales abîme le sol et laisse derrière lui des sillons qui menacent la clôture du CREN-K.

Le CREN-K est né en 1959, à l’époque de la colonisation belge, et un an avant l’indépendance du pays. C’était alors le premier réacteur nucléaire d’Afrique subsaharienne. En 1998, des barres d’uranium y avaient été volées. La communauté internationale s’était inquiétée d’un possible détournement à des fins militaires.

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Le réacteur actuel a été installé en mars 1973 mais ne fonctionne plus depuis 1994, faute de moyens. Il fut à l’époque l’une des victimes de l’effondrement de l’économie nationale saignée par la dictature de Mobutu. Le pays a ensuite connu deux guerres qui ont achevé de le réduire en miettes, entre 1996 et 2003, et le réacteur n’a jamais repris son activité de recherche.

Collecteur d’eau

Face à l’érosion, le directeur du CREN-K, le Pr Vincent Lukanda, qui est également Commissaire général à l’énergie atomique de la RDC, se veut rassurant. Il explique que des dispositions ont été prises pour parer à toute éventualité : grâce à un « collecteur d’eau » censé drainer les eaux de pluies sans dommage pour la butte, le mont Amba.

Le réacteur et le dépôt de stockage des déchets fissiles n’est pas ouvert aux visites. Pas question d’en savoir plus sur la quantité d’uranium que le centre recèle ou sur les déchets fissiles hérités du premier réacteur et stockés dans l’enceinte. « Secret d’État », lance le Pr Lukanda, en concédant simplement que « c’est très dangereux ».

 « En très bon état »

En 2004, alors que le pays sorti des guerres regardait de nouveau l’avenir avec espoir, le directeur de l’époque tablait sur l’arrivée imminente au CREN-K d’un nouveau tableau de contrôle censé permettre, enfin, de redémarrer l’engin. Il n’en fut rien.

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Treize ans plus tard, son successeur le Pr. Vincent Lukanda, veut encore y croire, alors que le petit réacteur reste désespérément à l’arrêt. Il est « en très bon état », assure-t-il. « Nous attendons du gouvernement un financement de l’ordre de 3 millions de dollars américains » devant permettre l’installation d’un « pupitre [de commande] numérique », ajoute-t-il.

Plan de démantèlement

L’heure ne semble toutefois pas à un redémarrage prochain de la petite centrale nucléaire congolaise. L’argent manque et l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) explique qu’elle « aide les autorités congolaises à mettre sur pied un plan de démantèlement ».

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Ce qui toutefois ne signifie pas que l’idée d’un démantèlement soit actée : l’AIEA recommande l’élaboration de tels plans « pour tous les réacteurs de recherche installés (dans le monde), quelle que soit la date à laquelle il doivent être démantelés », précise le porte-parole de l’organisation, basée à Vienne.

Le Pr Lukanda, lui, est catégorique : le gouvernement « n’entend pas démanteler » le CREN-K. Au contraire, il veut « moderniser la centrale », assure-t-il, plus de 25 ans après la mise à l’arrêt du réacteur.

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