Maroc : ce que risquent Nasser Zefzafi et les autres manifestants arrêtés à El Hoceima
Transféré à Casablanca avec d’autres têtes dures du Hirak, le leader de la fronde qui secoue El Hoceima depuis près d’une semaine est actuellement en garde à vue. Il risque plusieurs années de prison ferme. Et les autres ?
Aussitôt arrêté, lundi 29 mai, Nasser Zefzafi a été transféré à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca. Selon le Procureur général du roi de la ville d’El Hoceima, il a été arrêté pour « entrave à la liberté de culte » après avoir pris à partie un imam dans une mosquée de la ville, vendredi 26 mai.
« Sa garde à vue de 48 heures a été renouvelée ce mercredi 31 mai », assure Mounaim Ouhti, collaborateur de Me Abderrahmane Benamer, un des défenseurs de droits de l’Homme les plus connus du Maroc et membre du comité de défense des jeunes du Hirak (la mouvance). Même chose pour 27 autres manifestants du Hirak qui ont été transférés à Casablanca après leur arrestation à El Hoceima.
Samedi 27 mai, un premier groupe de 19 personnes a atterri dans les locaux de la police judiciaire au quartier Maârif, à Casablanca. Deux jours plus tard, un deuxième groupe de huit personnes, avec à leur tête Nasser Zefzafi, les a rejoint. Tous sont actuellement sous enquête policière. « Les autorités marocaines n’ont pas encore autorisé les avocats de la défense à leur rendre visite », précise Mounaim Ouhti.
Entendus pour atteinte à la sécurité de l’État
Ce qui complique les pronostics sur le sort de Zefzafi, c’est que les faits qu’on lui reproche pourraient être beaucoup plus graves que la seule « entrave à la liberté de culte » − qui expose le prévenu à une peine allant de 6 mois à 3 ans de prison −. Lundi 29 mai, le procureur général du roi a précisé que Nasser Zefzafi serait aussi entendu, lui et d’autres jeunes du Hirak, sur des faits relevant de « l’atteinte à la sécurité de l’État » ainsi que pour « d’autres actes constituant des crimes en vertu de la loi ».
Dans le Code pénal marocain, l’atteinte à la sécurité de l’État est punissable d’un à cinq ans de prison. Quid des « autres actes constituant des crimes » ? Aucune précision officielle n’a été donnée mais elle ouvre la voie à toutes les éventualités. Depuis que la contestation a gagné en ampleur dans le Rif, les autorités marocaines ne cessent d’évoquer la piste d’un téléguidage de l’étranger, impliquant des réseaux de la diaspora rifaine, qui alimenteraient la fronde d’El Hoceima dans le but de déstabiliser l’État.
La prochaine audience est fixée au 6 juin
À El Hoceima, un autre groupe de manifestants a des démêlés avec la justice mais pour des faits moins graves que ceux qu’on reproche à leurs collègues transférés à Casablanca. Vendredi 26 mai, les autorités marocaines avaient interpellé 40 personnes à El Hoceima. Après enquête, le procureur du roi de la ville a décidé d’en poursuivre 32, dont 25 en état d’arrestation et 7 autres en liberté.
Leur première audience a eu lieu, le mardi 30 mai, au tribunal de la ville. Elles sont poursuivies pour plusieurs délits : outrage et violence à l’encontre des forces de l’ordre ayant causé des blessures, destruction de véhicule et d’autres équipements d’intérêts généraux, mais aussi pour manifestation sans autorisation, menaçant la sécurité de l’État.
32 personnes poursuivies à El Hoceima
« Une vingtaine d’avocats assurent leur défense », indique Mohamed Haddache, membre du comité de défense des jeunes du Hirak à El Hoceima. Mais d’autres viendront nourrir le bataillon. La prochaine audience a été fixée au mardi 6 juin.
Un cas de disparition signalé
Le mardi 30 mai, plusieurs médias marocains ont annoncé un cas de disparition, celui de Mohamed al-Arich, directeur d’un site web d’actualités locales, Rif 24. Son site et sa page Facebook sont inaccessibles depuis.
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