Ramadan : certains se sucrent plus que d’autres…

Le mois saint de l’Islam est aussi une période de spéculation sur les produits de première nécessité. Les gouvernements bluffent-ils quand ils bandent les muscles ?…

L’œil de Glez © Glez / J.A.

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Publié le 6 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

C’est parti ! Closes les discussions sur les dates du nouveau Ramadan, le mois sacré a débuté le 27 mai et s’achèvera aux alentours du 25 juin. Pour la combinaison entre les heures de travail et les tranches horaires du jeûne, parfois aussi source de polémique, certains pays ont tranché par voie officielle. En Tunisie, le calendrier des horaires de travail de l’administration publique, pour le mois du Ramadan, a été fixé dès le 23 mai, par la présidence du gouvernement. Pour ceux qui auraient besoin d’autres informations pratiques, les appli’ se multiplient, sur les smartphones, pour un « carême » 2.0…

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes musulmans, au début de cette période de félicité, de bienveillance et d’échanges. Hélas, si cette période rime avec « don », pour certains, elle rime, pour d’autres, avec « business ». Pendant que les uns, par leurs sacrifices alimentaires, réservent leur place au paradis, les autres préfèrent améliorer leur quotidien sur terre en spéculant sur les produits qu’ils écoulent, notamment le sucre devenu soudain luxe inaccessible.

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Appétits commerciaux

Chacun sait que ce mois est tout autant celui de la privation que celui de la sur-consommation, le jeûne suscitant aussi des appétits… commerciaux. D’année en année, la cupidité des spéculateurs de sucre est apparue aux yeux de tous. Et voici les responsables officiels d’État parfois laïcs qui interviennent pour sous-entendre, comme le dialoguiste Michel Audiard, que les « enfants du bon Dieu » ne sont pas des « canards sauvages ». Dans les jours qui ont précédé le début du jeûne, certains ministres avaient tenté la posture de l’anticipation de l’emballement commercial.

Le prétexte majeur de l’envolée des prix ? Une pénurie simulée…

En Guinée, le ministre du commerce Marc Yombouno affirmait avoir organisé des concertations avec le secteur privé. En s’assurant de la disponibilité effective des denrées de grande consommation – en particulier sucre, riz, huile -, le ministère entendait couper l’herbe sous le pied du prétexte majeur de l’envolée des prix : une pénurie simulée. Au Mali, c’est dès le 15 mai que le ministre du commerce Abdel Kader Konaté réunissait publiquement le Conseil national des prix, lui aussi chargé d’établir l’état d’approvisionnement du pays en produit de première nécessité et d’arrêter des prix sur le marché national. Au Niger, le ministre en charge du Commerce et de la Promotion du Secteur privé, Sadou Seydou, entreprenait des visites dans différents marchés de Niamey.

Répression ou indulgence ?

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Mais que peut vraiment un politicien, même aux affaires, dans des pays où les principes du libéralisme permettent nombre de circonvolutions commerciales ? Certains, engoncés dans leur redingote ministérielle, brandissent un bâton de répression dont les ressorts concrets restent à démontrer. D’autres, sur un ton compassionnel, sollicitent l’indulgence des commerçants pour qu’ils stabilisent les prix pendant la période bénie…

La fin de ce mois de jeûne nous situera sur les effets plus ou moins palpables des discours gouvernementaux ; plutôt « moins », si l’on en croit les premières tendances de la Mauritanie aux Comores, en passant par le Maroc. En attendant, en marge de ces sempiternels bras de fers presque virtuels, des entrepreneurs tentent une combinaison entre la commercialisation classique et l’environnement spirituel. Puisque le Ramadan ressemble parfois à une foire, « Foi’ramadan 2017 » (la foire commerciale du Ramadan) s’est ouvert à Ouagadougou. On y trouve tout à la fois une zone d’acquisition commerciale et un espace d’échanges religieux. Honte aux margoulins désuets. Place aux marketeurs du package spirituel !

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